« Nous sommes confrontés au manque de financement de nos innovations »
Il fait partie de la liste Financial Afrik des 100 qui transforment l’Afrique en 2016. Edouard Akakpo-Lado alias “Maxben”, jeune inventeur Togolais de 25 ans revendique aujourd’hui la paternité de plusieurs machines de transformations agroalimentaires dont le Merlinox, l’Araricomax, le Tomatomixer ou encore le Compalmi. La prochaine étape est la recherche de financements ou de financiers pour l’installation d’une unité de production en vue d’une production industrielle, nous confie-t-il. Entretien exclusif avec ce diplômé en électromagnétique qui veut faire du Togo, un pôle de cité industrielle en Afrique de l’ouest.
Voulez-vous nous parler brièvement de vos principales inventions, de leurs particularités et de leurs utilités dans la vie pratique?
Ma première innovation est le Merlinox, la machine qui sert à piler 3kg de noix de palme en 5 minutes et donner le jus instantanément pour la préparation de la sauce aux noix de palme ou l’extraction de l’huile rouge. Elle sépare le jus des noix. Le premier prototype a été mis en place en 2012 et subit des améliorations jusqu’à 2016. Elle a été exposée dans plusieurs foires et salons nationaux. La deuxième est dénommée Araricomax. Elle permet de décortiquer l’arachide, le haricot et le soja. La machine permet également de décortiquer 3 kg de noix en 5 minutes et sépare automatiquement les graines des gousses. Ma troisième innovation est le Conpalmi, qui permet de concasser 3 kg de noix palmistes en 5 minutes facilitant le concassage pour les fabricants d’huile de palme. Elle peut être installée comme une petite unité de concassage de prestation de service. La quatrième est le Tomatomixer. C’est la toute nouvelle qui a été présentée à la foire Made in Togo et à la Foire Sialo entre juillet et août 2016. C’est un moulinex grande taille qui permet d’écraser la tomate, les condiments comme piment, gingembre, oignon etc. L’avantage est qu’elle ne laisse pas des dépôts de ferrailles dans les aliments, contrairement aux moulins ordinaires qui laissent les dépôts de ferrailles dans les aliments suite aux frottements incessants des deux disques intérieurs.
Quelle sera la prochaine étape de votre aventure ?
La prochaine étape est la recherche de financements ou de financiers pour l’installation d’une unité de production en vue d’une production industrielle. Dans 5 à 10 ans, je veux bien faire de mon pays un pôle de cité industrielle de l’Afrique de l’ouest. Ensuite, faire des recherches sur les énergies libres et les énergies renouvelables disponibles pour tout le monde à moindre coût, la décentralisation énergétique, la recherche poussée sur l’origine de l’univers, la télédéportation, la mécanique quantique, etc.
Il est bien évident que votre parcours n’est pas exempt de difficultés. Dites nous, quelles sont celles que vous avez rencontrées ?
Comme tout inventeur depuis la nuit des temps, les difficultés financières ont toujours été les premières à surgir. D’un côté, le bien, c’est que l’inventeur a toute la capacité de transformer l’impossible en possible, l’abstrait au concret, l’irréel au réel et le plus souvent ils sont en avance sur leur temps. De l’autre côté et contrairement à toute attente, on est confronté au manque financement de nos innovations. Parfois on l’a et parfois on ne l’a pas. Quant à moi, je suis optimiste pour le financement de mes innovations.
Quel regard portez-vous sur le secteur de l’innovation et/ou de l’invention en Afrique et au Togo ?
En général en Afrique, je pense qu’on ne peut plus réinventer la roue, mais on a intérêt à prendre le train en marche. L’Afrique sera dans les 20 années à venir un continent très convoité par le monde entier par ses richesses et par conséquent, le continent doit avoir sa part dans l’innovation. Chaque pays africain doit s’y mettre particulièrement. Pour ce qui est du domaine de l’innovation au Togo, je pense que beaucoup d’efforts sont entrain d’être faits par les Togolais surtout par les innovation de fufumix, de l’imprimante 3D, les mini-ordinateurs, les unités de montage des voitures solaires et surtout la création de plusieurs startups dans l’innovation. Je pense que le Togo veut se classer dans les générations à venir parmi les pays leaders dans le domaine de l’innovation. Et j’espère que d’ici 5 à 10 ans, les innovations togolaises seront à portée mondiale.
Un mot de la fin ?
Ma citation est la suivante: la nature regorge beaucoup de secrets qui constituent notre richesse. A nous de les découvrir. Je demande à chaque Africain de donner le meilleur de lui-même quel que soit le domaine dans lequel il exerce, afin que chacun puisse accomplir au maximum sa mission pour le développement de notre continent.
Propos recueillis par Nephthali Messanh Ledy