Dans cette dynamique, l’économiste sénégalais, Makhtar Diouf, a donné son impression sur ce marché commun riche d’environ 1,3 milliard de consommateurs.
Quinze jours après son opérationnalité, la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) est encore au cœur des débats. S’exprimant dans les colonnes de Financial Afrik, le 14 janvier 2021, le professeur croit fermement que la ZLECA n’est pas faisable et ne sera pas en faveur des pays africains.
« Comment peut-on brûler des étapes d’intégration sous-régionale et régionale et aller directement à une intégration à l’échelle continentale. Ça ne marchera pas », a-t-il insisté. Selon lui, avant de s’aventurer à une intégration continentale, il faut d’abord réussir l’intégration sous régionale et régionale.
La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et d’autres organisations sous régionales, peste-t-il, sont des exemples typiques d’une intégration ratée.
Prenant l’exemple du Sénégal, l’auteur de «l’Afrique dans la mondialisation », a indiqué que le « pays de la téranga » n’arrive même pas à commercer convenablement avec ses proches voisins de la Gambie, de la Mauritanie, à fortiori avec le Botswana, l’Ouganda entre autres le Kenya.
Le disciple de Samir Amin a montré son pessimisme quant à la réussite de la ZLECA dans un contexte de crise sanitaire et économique sans précédent. Le professeur a donné rendez-vous à l’opinion publique dans deux mois pour la parution de son nouvel ouvrage qui va aborder la problématique de l’intégration africaine.
Réagissant à cette déclaration, le Docteur, Falou Samb, conseiller spécial du président sénégalais, Macky Sall en commerce et investissement a apporté des éléments de réponses.
Pour le président du conseil de surveillance du groupe AACICI-IAPC, la thèse du professeur Makhtar Diouf peut être réfutée pour au moins 2 raisons. D’abord, la ZLECA est un »nouveau schéma » conçu pour renforcer les échanges commerciaux entre les pays africains. Ensuite, cet espace vient booster le commerce intra- africain aux alentours de 15% alors que le commerce européen se situe entre 60 à 75% et celui intra américain autour de 30 à 40%.
Cependant, Dr Falou, a indiqué être en phase avec le professeur si le commerce intra-africain devient un « commerce de procuration ». C’est-à-dire, explique-t-il, les pays tiers (Chine, Union européenne …) passent par la zone de la ZLECA pour commercer avec d’autres communautés par exemple la CEDEAO.
Des Règles d’Origines (RO) pour faire face au « commerce de procuration »
« Les pays membres de la ZLECA ont tenu en compte le « commerce de procuration » pour établir des règles d’origines (RO), très rigides, très normées et bien actées dans l’accord », selon le spécialiste. Ces RO, souligne-t-il, permettrons aux produits d’être commercé (importer ou exporter librement) à travers l’Afrique. Mais à condition de respecter ces RO (produits authentiquement africains).
Un pays non africain qui exporte par exemple un réfrigérateur au Sénégal. Ce bien ne pourra pas être exporté comme un produit sénégalais ou même en Gambie et dans les pays voisins. Parce qu’il faudrait que ce produit puisse répondre d’abord à des RO. Le responsable a rappelé que les RO concernent les produits agricoles antécédents et industriels.
Pour rappel, les RO jouent un rôle crucial dans le cadre de l’élaboration du commerce international dans la mesure où elles permettent d’établir les taxes douanières. Elles permettent également d’instaurer de politiques commerciales qui s’appliquent aux marchandises échangées.
Opérationnelle, depuis le 1er janvier 2021, la ZLECA permet de réduire progressivement les droits de douane sur 90% des biens échangés, selon un rapport de la Commission de l’Union africaine (CUA).
Un commentaire
Oui et du moment que ces firmes construisent leurs usines de transformation en Afrique, donnent du travail aux africains et payent leurs impôts en Afrique là où ils sont implantés…moi ça ne me pose pas de problème. Le problème serait qu’ils exportent en Afrique des produits finis. Et il faudrait faire payer la douane en fonction de ce qui est fabriqués en Afrique. C’est à dire que si le produit a à 40% des composants fabriqués en Afrique, ce produits payerait 60% des droits de douane, si au contraire le produit et tous ses composants sont à 100% fabriqués dans des usines implantées en Afrique…le produit serait exempté des droits de douane.