Par Mamadou Aliou Diallo
C’est sans doute l’un des thèmes de panel qui a retenu le plus l’attention lors du symposium Mines Guinée (SMG), qui s’est tenue du 9 au 11 mai dernier à Conakry. Du fait de son adéquation avec le climat et l’option des investissements étrangers croissants dans le secteur minier guinéen et dont l’exploitation de la bauxite occupe une place prépondérante due aux immenses réserves dont dispose la Guinée qui sont estimées à deux tiers des réserves mondiales.
Les réformes structurelles menées depuis quelques années dans le secteur minier guinéen ont permis, selon le ministère des Mines, de promouvoir largement la transparence, d’améliorer le cadre d’investissement et d’attirer des investisseurs de qualité et de divers horizons. Ce qui a favorisé en 2016, des engagements d’investissements de plus de 2,4 milliards de dollars US dans le sous-secteur de la bauxite.
Mais le défi majeur auquel la Guinée reste confrontée, et qui, au demeurant s’apparente désormais à un handicap, se résume à son incapacité à transformer sa bauxite sur place dans le contexte d’un marché mondial plus que jamais favorable.
Le chef produit Mines au groupe Allemand de machinerie, Wirtgen Group estime que la « l’Indonésie qui est l’un des plus gros pourvoyeurs de la Chine en bauxite a limité ses exportations vers ce pays, ce qui oblige l’empire du milieu à se tourner vers d’autres pays comme la Guinée. La demande de la chine en bauxite devrait augmenter. D’ici 2020, la chine va augmenter son importation de 25 millions de tonnes par an et en 2030 elle importera jusqu’à 50 millions de tonnes par an. Sans oublier les demandes de l’Inde et de l’Iran » analyse Erik Zimmermann.
« Partant de ce constat-là, la Guinée pourrait saisir ces opportunités pour jouer un rôle de premier rang dans l’industrie et le marché mondiale de l’alumine et de l’aluminium, si elle se donne les moyens de ses ambitions, en créant un équilibre entre la production exportée et celle transformée dont la conjugaison pourrait générer par effet d’entrainement des milliers d’emplois » a renchéri Carl Firman , analyste en chef à Wood Mackenzie.
« La question de savoir quel rôle peut jouer la Guinée sur le marché mondial de la bauxite de l’alumine et de l’aluminium est importante et d’actualité. Cependant, la fourniture d’une énergie suffisante et propre est essentielle. Il y a une hausse inédite de la production de la bauxite en Guinée, Il faut déjà consolider les acquis pour se projeter sur la construction de nouvelles raffineries. L’État doit s’appuyer sur les deux modes de production : semi et industrielle. Nous travaillons pour faire en sorte que la cohabitation se fasse naturellement. Mais pour implanter une usine d’alumine, il faut mettre en place l’ensemble des préalables, notamment en matière d’intrants, de ressources humaines et d’énergie…. » a estimé pour sa part Ahmed Kanté de la Soguipami, société guinéenne du patrimoine minier.
Bob Adam, directeur général d’Alliance Mining commodities (AMC) qui est, entre autres, l’une de ces nombreuses sociétés qui se sont positionnées stratégiquement en Guinée, dans l’optique des perspectives positives du marché mondial de la bauxite, interpelle quant à lui sur la nécessité de prendre en compte une approche inclusive des communautés riveraines impactées dans la réalisation des projets miniers qui, selon lui, est un facteur incontournable de stabilité et de sécurisation pour les investissements et du respect des législations en la matière.
Alors que la Guinée projette de passer de 18 millions de tonnes par an à 60 ou 70 millions à l’horizon 2020, en misant sur le regain de l’investissement étranger dans le secteur, le défi pour le pays qui dispose de 41 milliards de tonnes de réserve, c’est d’être un fournisseur de référence mais aussi un acteur majeur de la transformation industrielle, car 50% de cette production peut être transformée sur place avec un environnement politique favorable et une meilleure disponibilité des ressources.