Resté jusqu’à présent à la marge de la finance islamique, malgré une timide ouverture en 2007 avec le lancement de trois produits islamiques (Musharaka, Ijara et Mourabaha) sous le vocable de produits alternatifs, le Gouvernement marocain vient de faire un pas important dans le développement de la finance islamique. Il a adopté, le jeudi 16 janvier 2014, le projet de loi relatif aux établissements de crédits qui consacre une part importante aux banques islamiques, dites banques participatives, selon la terminologie officielle adoptée.
Ce projet de loi définit le statut des banques participatives, les produits, les organes de contrôle et instaure un fonds de garanti pour les clients. Ainsi, parmi les nouveautés, les autorités marocaines soulignent que «la conformité des produits participatives à la Shariaà est du ressort du Conseil Supérieur des Oulémas». Toutefois, il faut souligner que le terme Shariaà a été remplacé dans ce cadre par celui d’Ara’a (avis).
Suite à l’adoption de ce projet de loi et donc à l’amendement de la loi bancaire marocaine, les premières banques participatives devraient voir le jour au second semestre de l’année en cours. Et dans ce cadre, plusieurs banques des pays du Golfe sont sur les starting-blocks et n’attendent que leurs agréments pour s’implanter sur le marché marocain dont : Al Baraka Bank (Bahreïn), Qatar National Bank (Qatar), Kuwait Investment Bank (Koweït), etc.
Un potentiel important
L’adoption de cette loi, tant attendue aussi bien par les Marocains qui ne se reconnaissent pas à la finance conventionnelle que les investisseurs des pays du Golfe, devrait donner un nouveau souffle au système bancaire et à l’économie marocaine. L’octroi d’agrément à des institutions financières des pays du Golfe permettra de drainer d’importants flux financiers vers le Maroc et contribuer au développement du financement de l’économie. De même, ces banques pourront attirer l’épargne des Marocains qui rechignent à placer leur fortune dans les banques conventionnelles. Ainsi, il est fort probable que les banques participatives contribuent à l’amélioration du niveau de bancarisation du pays.
Avec ces capitaux, les banques participatives pourront répondre aux besoins de financement des Marocains qui souhaitent bénéficier des concours financiers conformes aux principes de la Shariaà. Et le potentiel est très important. Selon une étude réalisée en 2012 par l’IFAAS –Islamic Finance Advisory & Assurance Services-, 94 % des Marocains interrogés ont montré leur intérêt pour des produits financiers conformes à la Shariaà.
Seulement, si des produits alternatifs ont été lancés depuis 2007, l’encours des produits islamiques ne dépasse guère le milliard de dirhams, soit moins de 0,13 % de l’encours des crédits du secteur bancaire à l’économie. La faute à la méfiance des populations quant à la compatibilité des produits offerts sur le marché marocain à la Shariaà.
Enfin, l’adoption de ce projet de loi par le Gouvernement est un coup de pouce à la mise en place de la place financière régionale de Casablanca. Les autorités espèrent pouvoir attirer des capitaux du Golfe pour drainer une partie de ces capitaux vers le continent africain via Casablanca Finance City.
Un commentaire
Salam ‘alaykoum,
Merci pour cet article.
Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir avant que les banques islamiques s’imposent en Europe et en Afrique.