En Afrique, les émissions des eurobonds commencent à descendre du niveau de l’Etat à celui des entreprises. Des banques commerciales nigérianes ont déjà tenté l’expérience. Le record viendra sans doute de la Zambie où la compagnie publique d’électricité et une compagnie de BTP envisagent d’émettre 4,5 milliards de dollars à l’international à un taux, apprend-t-on, inférieur à celui de l’Espagne, pourtant quatre marches plus haut sur l’échelle de notation des grandes agences.
Cher, pas cher?
Pour rappel, le Ghana a émis le premier eurobond d’un pays subsaharien en 2007. Caractéristiques de l’opération: 750 millions de dollars à un taux de 8,5% sur une maturité de 30 ans. L’eurobond avait été souscrit quatre fois par des investisseurs qui trouvaient de l’appétit dans ce « junk bund » qualifié parfois de « Exotix Bond »
Depuis, le Ghana a fait des émules: Gabon, RDC, Congo, Côte d’Ivoire, Sénégal, Angola, Nigeria, Zambie, Namibie et Tanzanie se sont engouffrés dans la brèche. En février 2013, deux mois avant que le Rwanda ne rejoigne la liste, ces 10 pays africains avaient collectés 8,1 milliards de dollars à une maturité moyenne de 11,2 années et à un coupon de 6,2%. Par comparaison, les dettes anciennes de ces pays ont une maturité de 28 ans et un taux moyen de 1,6%.
Le cas du Congo, de la Côte d’Ivoire et du Gabon
Le grand risque lié à ces émissions est de voir la montée subite des taux (la Grèce, l’Espagne et l’Italie en savent quelque chose). En mars 2009, deux ans après son émission, l’eurobond du Congo a enregistré une telle envolée des taux signifiant un service de la dette proporitionnellement en hausse. En Janvier 2011, la Côte d’Ivoire devenait le premier pays à faire défaut depuis la Jamaique en janvier 2010. En juin 2012, le Gabon reculait l’échéance de paiement de son obligation de 1 milliard de dollars, ouvrant une dispute entre cabinets d’avocats sur la définition du mot « défaut ».
Pour des pays aux revenus suspendus sur les cours des matières premières, il est temps de monter une équipe de veille. La Grande Chine, importatrice du pétrole et du cuivre, est en phase de ralentissement.