Abidjan, Côte d’Ivoire, le 17 novembre 2015 – Les meilleures pratiques et les initiatives de financement innovantes ont été, le dimanche 15 novembre, au centre des travaux de la troisième journée de la Semaine du Programme de développement des infrastructures en Afrique (PIDA), la toute première manifestation de ce type qui se tient au siège de la Banque africaine de développement, à Abidjan.
La session sur les «Initiatives de financement innovantes en faveur du secteur de l’énergie en Afrique», qui était présidée par l’ancien président de l’Autorité de régulation régionale du secteur de l’électricité (ARREC) de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), était consacrée aux meilleures pratiques récemment adoptées en matière d’initiatives de financement innovant et de mise en œuvre de projets susceptibles de transformer le secteur énergétique de l’Afrique dans un avenir proche. L’exposé de ces projets a mis en lumière ceux des modèles innovants qui s’avèrent appropriés pour le financement de projets énergétiques de l’Afrique, et les modalités de leur application au contexte africain.
Aboubakari Baba Moussa, directeur de la Division des infrastructures et de l’énergie à la Commission de l’Union africaine (CUA), a ouvert la session en déclarant : «Nous devons assurer l’accès à l’énergie, et cet accès doit être durable et de coût raisonnable». Pour parvenir à ce résultat, a t-il poursuivi, «il importe de prendre la coordination institutionnelle au sérieux… et de songer au moyens à utiliser pour réunir nos forces».
Philippe Niyongabo, spécialiste des questions énergétiques, a ouvert la première partie de la session en évoquant la nécessité d’une augmentation des échanges et de la coordination à travers le nombre croissant d’initiatives et de programmes qui apparaissent dans ce secteur. Il a présenté une carte des programmes énergétiques en Afrique. «Nous entendons créer une base de connaissances. Il nous est possible de mobiliser des partenaires, de créer des synergies et d’optimiser nos ressources», a t-il dit.
À cette fin, le Partenariat Afrique-Europe pour l’énergie (PAEE) a été prié par des partenaires de dresser une liste exhaustive et de cartographier systématiquement les initiatives de promotion de l’énergie dans le contexte de l’Afrique. Les mécanismes et les critères en ont été présentés au nom de David Otieno, directeur général du secrétariat du PAEE. Le rapport sera présenté à laCOP21 à Paris et sera diffusé publiquement l’année prochaine dans sa version définitive. «Cet exercice sera à l’avantage de tous, parce qu’il est bon que toutes les parties prenantes intervenant dans le secteur sachent qui fait quoi. Cette carte devra faire l’objet de mises à jour dynamiques», a déclaré Ibrahima Thiam.
Alex Rugamba, directeur du Département de l’énergie, de l’environnement et du changement climatique à la BAD, a ouvert la seconde partie de la session en rappelant que le président de la BAD, Akinwumi Adesina, n’a eu cesse de réaffirmer, depuis qu’il a pris ses fonctions le 1er septembre, la position centrale de l’énergie parmi les priorités de la Banque. Le « New Deal pour l’énergie en Afrique » a été lancé par Adesina, le 17 septembre à Abidjan. «L’Afrique est très riche en ressources énergétiques, mais très pauvre en fourniture d’énergie. Des évolutions importantes ont été enregistrées ces dernières années», a dit Rugamba dans sa présentation. Il a affirmé que l’ambition du Nouveau Pacte est de garantir l’accès universel à l’électricité d’ici à 2015. «Le Nouveau Pacte a trait au partenariat. En l’absence de partenariats, il n’y aura aucun moyen de réaliser cette grande aspiration».
Rahid Abdallah, responsable de projets auprès du Fonds pour l’atténuation des risques géothermiques (GRMF) à la Commission de l’Union africaine, a présenté la mission du Fonds, qui est hébergé et géré par la CUA dans le but de réduire les risques associés à l’exploration des ressources géothermiques et les frais encourus dans la période initiale des projets. Lancé en avril 2012, le GRMF offre un appui financier visant à atténuer les risques liés aux explorations géothermiques. «Ce modèle de fonds pour la gestion des risques peut être utilisé dans d’autre technologies», a affirmé Abdallah.
De son côté, Appollinaire Siengui Ki, secrétaire général du Pool énergétique de l’Afrique de l’Ouest (PEAO), a présenté une étude de cas pouvant servir d’exemple de projet transformateur régional. Le projet d’interconnexion du PEAO a été créé par les chefs d’État de la CEDEAO, en 1999 et adopté en tant que projet prioritaire en 2005. «Sa vision est d’intégrer les systèmes de transmission nationaux afin d’unifier le marché de l’électricité et d’apporter du courant électrique aux pays membres. Son objectif principal est de construire une ligne de haute tension transnationale (1 300 km) reliant la Côte d’Ivoire à la Guinée en passant par le Libéria et la Sierra Leone», a expliqué Siengui Ki.
Poursuivant ses débats, la conférence a entendu l’exposé de Didier Tella, directeur général de l’Association des sociétés d’électricité d’Afrique (ASEA), qui a souligné l’avantage d’emprunter sur des marchés locaux au moyen d’émissions obligataires, parce que «vous empruntez auprès de gens qui seront parties prenantes de l’entreprise».
El Missiry Mosad, conseiller principal en questions énergétiques auprès de l’Agence du Nouveau partenariat pour le développement en Afrique (NEPAD), et panéliste à cette session, a présenté le plan Africa Power Vision (APV) (Vision énergétique de l’Afrique), déclarant notamment que «les financements innovants ne se limitent pas à la levée de fonds pour la mise en œuvre de projets. Ils portent aussi sur la création d’un environnement favorable à la levée de financements pour des projets permettant de produire de l’électricité à un prix raisonnable pour le kilowatt/heure».
Les thèmes et les enjeux évoqués au cours de cette conférence revêtent une grande importance et sont de nature à stimuler un approfondissement des débats sur ces questions. Le public assistant aux discussions a d’ailleurs recommandé la création d’un groupe de travail chargé de poursuivre les discussions.
En conclusion, Ibrahima Thiam a déclaré: « Alex Rugamba a rappelé dans son exposé que l’Afrique dispose de ressources énormes. C’est comme si quelqu’un vivant au bord d’un fleuve ne pouvait accéder à de l’eau. Nous ne pouvons laisser les choses telles quelles, comme nous l’avons fait pendant 50 ans. Nous avons à changer de comportement».
Enchaînant sur ces propos, Aboubakari Baba Moussa a ajouté: « Ce changement de mentalité nous incombe à tous et, pour le réaliser, nous devons travailler en synergie. La Semaine PIDA a représenté une plateforme solide pour notre coordination ».
À propos du Programme pour le développement des infrastructures en Afrique (PIDA)
Le PIDA est un programme d’envergure continentale visant à élaborer une vision, des politiques, des stratégies et un programme pour le développement d’infrastructures régionales et continentales prioritaires en matière de transport, d’énergie, de ressources en eau transnationales et de TIC. Les études sectorielles devant être menées dans le cadre du programme, qui seront appuyées par un don sollicité auprès de l’IPPF, conduiront à la préparation d’analyses détaillées des options stratégiques qui se présentent pour le développement d’infrastructures continentales en matière de transport, d’énergie, de TIC et de ressources en eau transnationales. Ces travaux seront fondés sur la vision commune qui se dégagera d’ateliers de consultation/validation tenus aux niveaux sectoriel, régional et continental. L’initiative PIDA est menée par la CUA, le secrétariat du NEPAD et la BAD.