Par Adama Wade
Le Conseil d’administration de Chanas, prévu ce 27 août , devrait se pencher sur l’arrêté des comptes de 2013. L’exercice risque d’être difficile à plus d’un titre. En effet, il s’agit du premier conseil après la révocation de l’ancien directeur général, Henri Ewelé, et suite à de nombreux départs dont celui du DGA, Dominique Pheulepin, qui a jeté l’éponge le 31 juillet. De quoi encore alourdir l’atmosphère de ce conseil qui mettra les protagonistes de ce long feuilleton face à face, dans la même salle et pas devant les tribunaux. Faut-il le rappeler, de nombreuses procédures opposent en ce moment les administrateurs entre eux.
A quelques heures de la tenue de ce « bal masqué », une seule question taraudait les esprits. La Société nationale des hydrocarbures (SNH), important actionnaire et client de premier rang, viendra? Ne viendra pas? La politique de la chaise vide ne serait pas un bon signe.
Dans le fond, il ne devrait pas y avoir de surprise sur les comptes (perte de l’ordre de 2 milliards de FCFA) sauf, bien entendu, une manoeuvre de dernière minute, toujours possible vu les enjeux. D’ailleurs, le degré d’indépendance du Commissaire aux comptes vis-à-vis des différents protagonistes et notamment vis-à-vis de la présidente du conseil d’administration, Jacqueline Casalegno, devrait être une condition nécessaire et obligatoire pour avoir une bonne lecture des états de la compagnie.
En attendant, les pertes de l’exercice 2013 trouveront difficilement un responsable. Qui assumera ce passif? La PCA, Mme Casalegno, qui a exercé les fonctions de quasi-PDG jusqu’à la fin septembre 2013 ou le DG sortant, Henri Ewelé, lequel a été poussé à la porte en l’espace de 7 mois sans avoir eu le temps de faire le tour de la maison? Il serait tentant de faire porter le chapeau mexicain au DG sortant. Cela arrangerait tellement de monde. Seul hic, le rapport de la Conférence interafricaine des marchés de l’assurance daté du 17 septembre 2013 et concluant que les deux DGA n’avaient aucun pouvoir.
Ce point a été confirmé par la Présidente, elle même, aux Commissaires de la CIMA et figure dans le rapport.
C’est connu, dans notre culture africaine, nous avons le respect des aînés. Mais dans le contexte professionnel, la rationalité ne doit-elle pas prendre le pas sur la tradition ? Doit – on préserver le bonheur d’une personne au détriment de celui des 180 collaborateurs et de leur famille ? A qui profite le maintien de Mme Casalegno à la tête de Chanas dans les conditions actuelles?
Cette question nous emmène à nous interroger sur la position des deux grands actionnaires de Chanas. D’abord le camerounais SNH, un pétrolier connu tant par son core business que par ses nombreuses participations et ramifications qui en font un animateur de la planète financière camerounaise. Ensuite, le gabonais Ogar, leader solide de l’assurance dans son pays d’origine et qui nourrit des ambitions de conquêtes régionales à travers le véhicule Ogar International piloté par de fins connaisseurs des rouages politico-financiers africains. Dire que ces deux actionnaires sont rivaux dans le tour de table de Chanas relève d’une lapalissade. Pourtant, une entente entre les deux suffirait à mettre la présidente sur la touche. Seulement, celle-ci semble avoir la possibilité de tirer sur les ficelles et de maintenir SNH et Ogar dans l’état de guerre froide. A terme, le statu quo pourrait conduire Chanas dans une spirale infernale.
Rappelons que la compagnie est toujours sous surveillance permanente, même si la Direction Nationale des Assurances se fait très « discrète » pour ne pas dire plus. La CIMA garde un œil également sur la Compagnie. Dans ce contexte, combien de temps va tenir le nouveau Directeur Général, Albert Pamsy qui, de par ses fonctions antérieures, n’a pas droit au faux pas?