Il était le super invité à Ndjamena, ce 9 janvier 2013, au sommet extraordinaire des chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique Centrale (CCEAC). Un sommet sans ordre du jour clair. Habillé d’un étrange costume vert, les yeux rougis, le président centrafricain rasait les murs dans une scène digne de Kafka. Presque résigné face à ses pairs dont certains (le gabonais Ali Bongo et le congolais Denis Sassou Nguesso) ne semblent plus disposés à son égard. Même le président tchadien, Idriss Déby Itno, considéré comme le grand ordonnateur de la politique centrafricaine de l’après 25 mars 2013, l’a copieusement évité. En particulier devant les photographes.
Selon nos informations, le huis clos présidentiel s’est transformé, loin des journalistes, en un long réquisitoire contre Michel Djotodia et ses groupes armés. Présent à la rencontre, le premier ministre centrafricain, Nicolas Tiangaye, qui avait momentanément abandonné son domicile pour se réfugier à l’aéroport de Bangui, s’est fait reproché son manque de fermeté. En coulisses, il se dit qu’il n’est pas non plus l’homme de la situation.
Au final, ce sommet de Ndjamena, troublé par d’incessantes rumeurs de démissions de Michel Djotodia (qui aurait fait part de son désir de partir) semble rappeler la fameuse réunion de Libreville (Gabon) qui avait précipité la chute de François Bozizé (aujourd’hui en embuscade) et le basculement de la Centrafrique dans le chaos. Cette nouvelle accélération de l’histoire ne semble pas se faire au profit du Président du conseil national centrafricain de la Transition (CNT), Alexandre Ferdinand Nguendé, désavoué pour les mêmes raisons et au même titre que ces deux alter ego.
Alain Mabounka, Ndjamena