Le président de la transition malienne, Assimi Goita, a officiellement lancé les travaux de construction d’une raffinerie d’or d’État, en partenariat avec le groupe russe Yadran. L’infrastructure vise à renforcer la transformation locale et à réduire les pertes à l’exportation dans un secteur aurifère crucial pour l’économie nationale.
La coentreprise, baptisée SOROMA-SA, est détenue à 62 % par l’État malien, contre 38 % pour Yadran. La raffinerie est prévue sur cinq hectares, près de l’aéroport international de Bamako, et devrait atteindre une capacité annuelle de 200 tonnes, soit quatre fois la capacité actuelle du pays. Les travaux de construction devraient durer deux ans.
Actuellement, sur les 51 tonnes d’or extraites au Mali en 2024, seules 5 % sont transformées localement, le reste étant exporté à l’état brut. La nouvelle usine vise à inverser cette tendance en produisant de l’or à 99,5 % de pureté, conformément aux normes internationales de la London Bullion Market Association (LBMA). Cette certification permettra au Mali d’accéder directement aux marchés mondiaux et de mieux valoriser sa production.
La raffinerie s’inscrit dans une série de réformes du code minier adoptées en 2023, qui permettent désormais à l’État malien de prendre jusqu’à 30 % des parts dans tout nouveau projet et de rendre le raffinage local obligatoire. Ces mesures visent à augmenter les recettes publiques, qui pourraient croître de 950 millions USD par an, soit près de 20 % du budget national.
Le Mali suit ainsi une tendance régionale déjà amorcée par le Burkina Faso, la Guinée et le Niger, en quête d’une plus grande souveraineté sur leurs ressources naturelles. En parallèle, les tensions avec certains acteurs occidentaux, comme Barrick Gold, se sont accrues sur fond de contentieux fiscaux.