L’Etat peut être un bon régulateur du secteur bancaire mais reste historiquement un mauvais banquier.
L’Etat de Côte d’Ivoire serait donc intéressé dans le rachat de la BICICI, rapporte Africa Intelligence. Cette volonté de la puissance publique de racheter les parts de la BNP Paribas constituerait, tant en Côte d’Ivoire qu’au Sénégal où, là aussi, la filiale de la BNP (BICIS) cherche repreneur, une erreur stratégique. Faut-il le rappeler, l’Etat ivoirien contrôle déjà la BHCI, la BNI et Versus Bank, des institutions souvent en difficulté et pour lesquelles les repreneurs, pour celles qui sont en vente, ne se bousculent pas au portillon.
Pourquoi donc acquérir de nouveaux actifs là où la logique aurait été de permettre à des privés africains, suffisamment dotés de fonds propres, avec une signature reconnue, de prendre l’ascenseur.
S’il peut être un bon régulateur du système bancaire, l’Etat est historiquement un mauvais banquier. Une bonne politique publique est justement d’accompagner la naissance des champions nationaux et régionaux et d’en tirer les dividendes. Plutôt que de saigner la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNPS), le président Ouattara, banquier de développement qui a laissé un souvenir intarissable à la BCEAO et au FMI, doit tenir bon face aux lobbys historiquement opposés à la dynamique intégrationniste du marché financier de l’UEMOA.
La CNPS, déjà actionnaire de la BNI, devrait être un véritable zinzin, acteur décisif dans l’animation du marché financier.
En se mêlant de la banque, transformée de facto en institution politiquement exposée, comment l’Etat peut-il assurer l’équidistance avec les autres acteurs dans un secteur aussi concurrentiel ? Comment peut-il éviter les collisions d’intérêt dans les décisions de financement et d’octroi de crédit ? La force de la BNP Paribas en France et en Europe est d’être gérée par des privés et non par l’Elysée.