par Rodrigue Fénélon Massala, grand reporter
Compagnon de Habib Bourguiba, père de l’indépendance de la Tunisie le président Beji Caïed Essebsi, 92 ans, a confirmé, samedi, devant son parti qu’il ne souhaitait pas être candidat à l’élection présidentielle du 17 novembre, pour « ouvrir la porte aux jeunes ».
Le patriarche opte pour le transfert générationnel. En effet, après Mahamadou Issoufou du Niger et Mohamed Ould Abdel Aziz de la Mauritanie, c’est autour du tunisien d’annoncer sa retraite politique méritée. Elu démocratiquement au suffrage universel en 2014, Beji Caïed Essebsi a fait cette annonce à l’ouverture du congrès de son parti, Nidaa Tounès, en proie à des querelles intestines.
« En toute honnêteté, je ne pense pas que je vais me représenter » car il faut « ouvrir la porte aux jeunes », a-t-il souligné, alors que son parti l’a présenté à plusieurs reprises comme le meilleur candidat possible. Dans la salle, certains militants ont lancé: « Le peuple veut à nouveau Béji ». Son discours intervient quatre jours après l’annonce de la démission du président algérien Abdelaziz Bouteflika, 82 ans, après un mois et demi de manifestations en Algérie, pays voisin de la Tunisie.
Fondé par M. Essebsi en 2012, le parti Nidaa Tounès peine à rassembler après des conflits internes entre le fils de M. Essebsi, Hafedh Caïd Essebsi, et l’ex-dauphin du président, le Premier ministre Youssef Chahed. Hafedh Caïd Essebsi a depuis pris la tête de Nidaa Tounès, tandis que M. Chahed, écarté de Nidaa, a formé un parti concurrent, Tahia Tounès. Ce parti est devenu la deuxième force politique au Parlement, derrière le parti d’inspiration islamiste Ennahdha et devant la formation présidentielle. Le président Essebsi a demandé au parti de « réintégrer » M. Chahed, tandis que son fils, présent dans la salle, est resté silencieux selon notre source .
Il faut que Nidaa Tounès « rassemble toutes les forces centristes », a souhaité le président. Entre 1.000 et 2.000 militants ont participé au congrès organisé à Monastir (centre-est) le jour de l’anniversaire du décès du premier président de la Tunisie indépendante, Habib Bourguiba, mort le 6 avril 2000 dans cette ville; tout un symbole. L’actuel président a voulu marquer ce jour devenu le cadre du transfert du pouvoir de la vielle génération à la nouvelle génération. Cette génération qui a été à la base du printemps Arabe . La décision du président tunisien intervient dans un contexte où le renouvellement des classes dirigeantes se fait de plus en plus pressant sur le continent après la révolution algérienne d’une part et dans un climat politique tendu e au Soudan . Au regard de tout ce qui précède, pour plusieurs observateurs ,le président Essebsi pourrait-il par ce geste de grandeur politique inspirer ces homologues Alassane Ouattara (ce dernier déclare avoir presque pris sa décision) et Alpha Conde (qui subodorerait un troisième mandat selon l’opposition) qui soufflent le chaud et le froid quant à leur retraite politique.