Par Guy Gweth*
« Si Judas vivait, il serait ministre d’État » en Afrique pourrait-on dire avec Barbey d’Aurevilly. Certes, 24 % des Africains ayant eu un contact avec les forces de l’ordre au cours de l’année écoulée déclarent avoir dû verser un pot-de-vin. Mais le phénomène est loin d’être une fatalité pour la communauté africaine de l’intelligence économique.
Instaurée par l’ONU, la 4ème journée internationale de lutte contre la corruption a lieu le 09/12/14, six jours après la publication du 20ème rapport annuel de Transparency International. On y lit par exemple que 24 % des Africains ayant eu un contact avec les forces de l’ordre au cours de l’année passée déclarent avoir dû verser un pot-de-vin. Dans cette livraison très documentée, L’ONG allemande a passé en revu 175 pays en s’appuyant sur les enquêtes d’experts en intelligence économique (IE), d’organisations de la société civile, de la Banque mondiale, de la Banque africaine de développement et de la Fondation allemande Bertelsmann.
Comment ça marche ? – Knowdys surveille cinq techniques de corruption parmi celles qui ont le plus d’impact sur le climat des affaires et la compétitivité des entreprises en Afrique : les « pourboires », les « cadeaux », les « pourcentages », les « aides » et le « consulting offshore». Celle que l’intelligence économique traque avec le plus d’efficacité est la technique du « consulting». Très utilisée depuis une dizaine d’années, cette approche a généralement cours dans l’entourage des Personnalités Politiquement Exposées (PPE). Pour « brouiller » les pistes, le proche collaborateur d’un décideur est recruté comme consultant par un Cabinet basé dans un paradis fiscal [les cinq destinations préférées des Africains corrompus sont : le Luxembourg, Chypre, Malte, Hong Kong et Singapour]. En échange d’informations confidentielles, le «consultant» est rémunéré dans une banque située, elle aussi, dans un paradis fiscal. Au cours d’un voyage à l’étranger, le «consultant» peut aisément entrer en possession du butin.
Quel impact sur la compétitivité ?– En Afrique, la formule de Robert Klitgaard (Corruption = Monopole + Pouvoir – Transparence) fonctionne comme un théorème. Entre la grande corruption (de haut niveau où les décideurs politiques chargés d’appliquer les lois utilisent leur position officielle pour promouvoir leurs intérêts personnels) et la petite corruption (à forte connotation bureaucratique dans l’administration publique), l’impact est extrêmement difficile à chiffrer. Lorsqu’on additionne la falsification de données, les versements de pots de vin à des responsables officiels (pour les encourager à agir de manière rapide et favorable), l’argent obtenu par la contrainte, la distraction des fonds publics par des fonctionnaires et le poids du favoritisme, la somme est faramineuse. Le schéma devient plus complexe lorsque les fruits de la corruption mobilisent les mêmes circuits et acteurs que le détournement de deniers publics.
La réponse de l’intelligence économique – La lutte contre la corruption est un combat mondial qui mobilise la plupart des appareils étatiques et les grandes entreprises de la planète. En Afrique, la contribution des agences d’intelligence économique est surtout décisive pour les grands groupes qui craignent de perdre des contrats et de se mettre à dos des autorités corrompues en refusant d’en être les corrupteurs. Leur traque s’appuie notamment sur les informations confidentielles fournies par des « honorables correspondants » occupant des postes clés au sein des administrations. A l’instar de Knowdys, les agences ayant un code d’éthique ne mobilisent aucun moyen illégal pour remplir pareille mission. Un consultant en IE qui agit au profit d’une entreprise privée évitera donc les intrusions dans la vie privée, les écoutes indiscrètes ou le piratage informatique pour collecter le renseignement utile au client.
Quelle leçon peut-on en tirer ? Année après année, Transparency fait observer que – dans l’ensemble des pays étudiés – le corps judiciaire, les partis politiques, les parlements et le système éducatif ont une assez mauvaise presse. Dans les pays africains où d’importants procès pour corruption sont en cours d’instruction, les avocats d’entreprises lésées et/ou le Ministère public ont de plus en plus besoin de conseils en intelligence économique pour cartographier les différents acteurs des échiquiers concernés et recueillir des preuves recevables devant la Justice. C’est l’une des raisons pour lesquelles le Cabinet Battajon Avocats, l’Africa Business and Legal Expertise (ABLE) et Knowdys Consulting Group ont signé un partenariat stratégique le 1er juillet 2013, à Paris, au profit des investisseurs qu’ils accompagnent sur les marchés africains.
*Guy Gweth
Directeur des Opérations
Knowdys Consulting Group
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