Les chefs d’Etat et de gouvernement des pays membres de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) ont célébré à Ouagadougou, au Burkina, le 20 octobre 2014, les 20 ans de l’une des unions les plus dynamiques en Afrique.
Née en 1994 dans la confusion de la dévaluation du FCFA, cette organisation de 60 millions de personnes est dirigée par une commission technocratique évoluant aujourd’hui sous la présidence du sénégalais Cheikhe Aguibou Soumaré, ancien premier ministre de son pays, doté, selon les chancelleries sous régionales, de la hauteur de vue, de l’expérience et de la doigté diplomatique nécessaire pour conduire les grands chantiers d’intégration: la libre circulation (certains Etats traînent discrètement des pieds pour la rendre pleine et entière) , le droit d’établissement, l’institution d’un tarif extérieur commun, l’harmonisation des politiques économiques encadrées par une certaine orthodoxie (déficit budgétaire ne devant pas dépasser 3%, masse salariale devant rester en déça des 35% du budget), préserve l’union des grands chocs comme celui survenu en 2008 lors de la dite crise alimentaire provoquée par les fonds spéculatifs qui s’étaient rués sur les produits de base.
D’essence technocratique certes, l’UEMOA n’en évolue pas moins dans l’arène politique supervisée par le conseil des chefs d’Etat, organe à la présidence tournante. La concertation est structurée aussi au niveau ministériel, notamment au niveau des ministères des Finances qui se réunissent tous les trois mois. Avec une seule banque centrale, un marché financier et une Bourse des valeurs mobilières, l’UEMOA est programmée pour aller encore plus loin.
L’inertie de la CEDEAO
Reste que dans l’environnement immédiat de l’UEMOA, la CEDEAO (Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest) dont sont membres tous les pays de l’UEMOA dispose de son propre calendrier de convergence politique, monétaire et économique. A cette exception près que la grande union ouest-africaine n’arrête pas de reporter son union monétaire (fixée pour 2020 et devant passer par plusieurs étapes aujourd’hui pas encore réalisées) et d’harmoniser ses politiques. Tout en encourageant la constitution des grands ensembles, l’on craint que cette improvisation qui régne à la CEDEAO ne vienne gripper cette belle machine qu’est devenue l’UEMOA.
Notes:
Le traité instituant l’UEMOA a été signé le 10 janvier 1994 à Dakar au Sénégal et il est entré en vigueur le 1er août de la même année. L’union compte 8 Etats membres qui sont le Bénin, le Burkina, la Côte d’Ivoire, la Guinée Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo.