A l’image du commentaire spontané de cet homme de la rue au micro de Radio France Internationale, l’Algérie a choisi « un vieux papa malade » plutôt que des « inconnus ». Voilà l’aspect psychologique d’une réélection fleuve d’un candidat qui a voté sur fauteuil roulant et qui est le symbole, finalement, d’une vieille élite algérienne, arabe et africaine qui ne veut pas prendre la retraite. Le printemps arabe a fait long feu.
Par Kamal Ait Baba Ali, Oran
Avec 81,53% des voix, Bouteflika, 77 ans, a été mieux réélu le jeudi 17 avril qu’en 1999 (74%), en 2004 (86%) et en 2009 (90%). Un score à relativiser compte tenu d’un taux de participation de seulement 51% à mettre en relief par rapport aux 74% de participations il y a quatre ans. Les plus faibles participations ont été notées en Kabylie (25%) et à Alger, la capitale (37%).
Loin derrière le président Bouteflika, le candidat Ali Benflis fait mieux qu’il y a quatre ans (12% contre 6%), mais dénonce une fraude à grande échelle qui a eu raison du choix souverain du peuple algérien.
Au delà des chiffres, cette réélection montre toute la puissance du système politique algérien confronté il y a seulement quelques mois à une guerre de clans entre les renseignements (DRS) et l’armée avec, en toile de fond, la question de la succession du président Bouteflika. A tout le moins, cette succession se jouera maintenant à guichets fermés au sein d’une élite civile et militaire qui a, elle, voté massivement pour le maintien de son système.
L’après Bouteflika a bien commencé avec cette réélection soviétique qualifiée de mascarade par certains organes de presses locaux. L’immensité des défis, le taux de chômage, la pauvreté, sont autant de questions rapides posées par un peuple qui porte encore la cicatrice de la décennie noire des années 90. Le système qui avait coopté Bouteflika par décret avant d’avaliser son choix par les urnes le sait, le prochain virage sera délicat à négocier.