L’administration du président Muhammadu Buhari a récemment décidé de mettre en place une politique de dénonciations comme nouvelle approche pour lutter contre la corruption. Ce système permet aux citoyens de signaler des cas de corruption par le biais d’un portail en ligne sécurisé. Les dénonciateurs qui jouissent du total anonymat perçoivent entre 2 et 5% du butin récupéré.
Trois délits sont concernés: la mauvaise gestion de fonds et actifs publics, les infractions aux réglementations financières, la sollicitation de pots-de-vin et la manipulation de données et de registres. Le procédé qui fait fi des critiques de certains défenseurs des droits de l »homme (qui l’accuse d’encourager la délation et de faire peu de cas de la présomption d’innocence) permet à la commission des crimes économiques et financiers (EFCC) de gagner en efficacité.
Ce corps spécialisé a bouclé une semaine juteuse suite à une descente, mercredi, dans un domicile où elle a récupéré au moins 38 millions de dollars et 23 millions de nairas, dans l’État de Lagos. De même, un renseignement donné par un lanceur d’alerte a conduit à la découverte de 4 milliards de nairas conservés sur deux comptes distincts de la Guarantee Trust Bank (GTB) Plc, des fonds suspectés d’être des produits du crime.
En février, l’EFCC a récupéré 9,8 millions de dollars détenus par Andrew Yakubu, ex-directeur général du groupe de la compagnie pétrolière publique nigériane, grâce à un renseignement donné. Lai Mohammed, ministre de l’Information nigérian, a commenté ce succès en déclarant que la politique de dénonciations avait permis la récupération de plus de 180 millions de dollars détenus par différents individus corrompus à la date de février.
La lutte contre la corruption vise tous les secteurs sensibles. Récemment, la Commission électorale nigériane a annoncé avoir suspendu 205 de ses agents qui auraient accepté de manipuler le résultat du vote lors des élections générales de 2015 en échange de 9 millions de dollars.