Deux annonces surprises dans l’intervalle de huit jours. L’une aussi inattendue que l’autre. L’insondable président Gambien, Yahya Jammeh, a annoncé ce vendredi, qu’il rejette les résultats de l’élection présidentielle tenue le 1er décembre. Et de demander la tenue d’un nouveau scrutin. Pourtant, l’homme avait reconnu sa défaite face à son adversaire Adama Barrow, au lendemain du vote.
« (…) Je n’accepterai pas les résultats sur la base de ce qui est arrivé », a-t-il insisté dans une déclaration télévisée, dénonçant notamment des erreurs « inacceptables » de la commission en charge de l’organisation du scrutin. « Tout comme j’ai loyalement accepté les résultats, en croyant que la Commission électorale était indépendante, honnête et fiable, je les rejette dans leur totalité ».
En effet, l’homme dont l’acte, le moins attendu au lendemain du vote, fut salué unanimement par les organisations régionales, africaines et mondiales, revient sur l’annonce faite mardi matin par la commission électorale, annonce selon laquelle des erreurs ont été faites au moment de la compilation finale à Banjul. D’après les nouveaux chiffres, 19.000 voix séparent Adama Barrow et Yahya Jammeh, contre 50.000 publiés quelques jours plus tôt par la même institution.
Pour sa part, le candidat de l’opposition coalisée appelle la population à « descendre dans les rues aujourd’hui même, samedi, pour un meeting avec le peuple gambien ». Même si l’homme fort de Banjul, au pouvoir depuis 1994, a déjà fait savoir qu’il ne tolérerait aucune manifestation dans les rues. « Il est impossible que Jammeh revienne sur les décisions des urnes », a déclaré le leader du Parti démocratique unifié à l’AFP.
Au pouvoir depuis 1994, Yahya Jammeh crédité de 36,7 % des voix derrière Adama Barrow (45,6 %) n’a visiblement pas l’intention de prendre sa retraite. Comme quoi, l’habitude est une seconde nature.
Par Nephthali Messanh Ledy