Adama Wade
Conduit par le cabinet britannique Spencer Stuart, le processus de recrutement d’un nouveau directeur général pour Ecobank tourne à la parodie. L’opération sensée marquer le renouveau d’une banque encore convalescente est entrain d’engendrer un malaise en interne et en externe.
Pour cause, des candidats ont été éliminés d’office sans explications convaincantes. Cas de Paul-Harry Aithnard, Group Head Securities & Asset Management de la banque, disqualifié dès le premier tour. Cas aussi de Charles Kié, ancien directeur général d’Atlantic Financial Holding du groupe Banque Atlantique et actuel patron de l’investment banking d’Ecobank, écarté du processus au second tour pour «manque d’expériences bancaires», selon les confidences.
Compte tenu de l’opacité qui règne autour du processus, des candidats potentiels comme Evelyne Tall n’ont pas souhaité se lancer dans la course. D’autres l’ont fait mais ont vu leurs courriers s’égarer en chemin, le cabinet britannique n’ayant pas pu réceptionner leurs correspondances.
Au final, il ne restait à l’arrivée que 3 candidat dont certains sont proches de l’ancien directeur général, Arnold Ekpé. A commencer par Laurence Do Rego, la directrice financière rendue célèbre à la faveur de la crise qui a secoué la banque il y a un an.
Autre sélectionné, le directeur général d’Ecobank Ghana, qui ne présente pas de grande expérience bancaire en dehors de son pays.
Selon nos informations, le gros lot devrait revenir à un nigérian, actuel dirigeant à la Citibank de Johannesburg. C’est ce cadre inconnu au bataillon (il justifierait cependant d’une bonne expérience commerciale), unijambiste (il ne parlerait que l’anglais) qui a été choisi pour succéder au Ghanéen Albert Essien
Au final, Ecobank se retrouvera avec un PCA et un DG nigérian et, déjà, la défiance d’une partie l’Etat-Major, assez réservée par rapport aux méthodes du cabinet britannique.
La crise couve de nouveau, mettant en péril l’institution. A qui profite la situation ? Aux partenaires sud-africains ou à l’ancien directeur général, Arnold Ekpé, premier actionnaire individuel de la banque, dont l’ombre aura plané sur le processus de recrutement de bout en bout? L’homme qui a échoué il y a quelques mois à prendre le contrôle d’Ecobank par le biais du fonds Atlas Mara reste très influent dans le management et les leviers d’une banque qui semble avoir raté là un rendez-vous avec la bonne gouvernance.
Un commentaire
Il aurait été, dans ce cas, intéressant que le conseil d’administration soit transparent sur ses intentions de candidat (type d’expérience). Quoi qu’il en soit, maintenant que le successeur est connu, il serait important d’éviter un scénario à la Thierry Tanoh. Ecobank est une banque panafricaine et en ce sens à une responsabilité envers l’Afrique et son histoire en terme de développement. Il n’ya plus de temps à perdre pour des batailles d’égo.