Il n’est pas plus économiste qu’homme de l’église. Le prêtre anglican Thomas Robert Malthus (1776-1834), élevé dans un territoire exigu au rythme des mauvaises récoltes agricoles, allait influencer la pensée économique par une idée simple : la progression de la démographique est une suite géométrique, celle de la production se fait de manière arithmétique.
Son essai publié en 1803 sous le titre kilométrique de « Essai sur le principe de population ou exposé de ses effets sur le bonheur humain dans le passé et le présent avec des recherches sur nos perspectives de supprimer ou de diminuer à l’avenir les maux qu’il occasionne», connaît un succès mondial.
Depuis, les thèses malthusiennes sont confrontées aux réalités de tous les jours. Si l’augmentation des rendements agricoles rendus possibles par la mécanisation fournit de l’eau au moulin des anti-Malthus, la dégradation de l’environnement, l’appauvrissement des sols et l’épuisement des ressources le propulse de nouveau en avant.
De nombreux économistes ont critiqué Malthus. Certains comme Karl Marx estiment qu’il n’y a pas pénurie mais mauvaise répartition de richesses. L’homme politique chinois, Mao Tsè Toung, va encore plus loin, affirmant que chaque homme a une bouche pour se nourrir et deux bras pour travailler. Le philosophe Jean Bodin dira qu’il n’ y a de richesses que des hommes.
Autant de positions qui permettent de relativiser le débat actuel sur l’Afrique. Si la thèse de la femme africaine à sept enfants (Macron au Burkina Faso) connaît un succès auprès des élites européennes qui n’appréhendent la question que sous l’angle de l’invasion migratoire, il convient de le dire, la réalité de la démographie africaine est beaucoup plus modeste.
En 2009, la densité du continent était légèrement supérieure à 30 habitants au kilomètre carré, soit quatre fois inférieure à celle de l’Union Européenne. Entre 1950 et 2010, la densité est passée de 8 à 34 habitants au km2, restant toutefois largement en deçà de la moyenne mondiale (47 hab./km2).
Au regard de ces chiffres, le continent a encore de la marge de progression démographique.
Au lieu de contrôler les naissances, les gouvernements africains doivent plutôt restaurer le système de santé et veiller à la scolarisation obligatoire de tous les enfants. La démographie africaine est un levier de croissance économique qu’il ne faut surtout pas limiter mais accompagner et stimuler en ouvrant les frontières dans le cadre de la Zone de libre échange continental (ZLECA).
S’il devait vivre aujourd’hui en Afrique, Malthus serait certainement panafricaniste et partisan de la baisse des coûts de facteur par la croissance démographique afin de réaliser des infrastructures compétitives.
3 commentaires
Bonjour,
Malthus à de bonne raison de revenir car lorsque vous donnez la densité de population de l’Afrique vous comptez les déserts qui représentent ne bonne partie de sa superficie ainsi losque l’on retire le Sahara on arrive à 56 habitant au km2, là on dépasse la densité mondiale même si on est loin de l’Europe avec ses 114 h au km2
Mais je vous invite à visiter le site de l’association démographie responsable qui aborde les questions de démographie avec sérieux: http://www.demographie-responsable.org
Cher monsieur,
Merci pour votre intérêt à ce débat. De la même manière si l’on retirait à l’Europe la Sibérie les zones non habitables, on tomberait sur une densité nettement plus importante. L’Afrique est sous -peuplée et a besoin d’un investissement massif sur l’école et la santé. La scolarisation de la jeune fille ajoutée aux progrès économiques va forcément conduire à la transition démographique.
Bonjour,
Oui vous avez raison, mais en ce qui concerne l’Afrique le Sahara étant gigantesque je pense qu’il est judicieux de le supprimer pour calculer la densité d’habitants.
Pour le reste je suis de votre avis, l’éducation devrait être une priorité.
Cordialement