C’est un tournant pour le secteur financier marocain. La Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG) va dorénavant se retirer de l’opérationnel et se consacrer à la maîtrise d’ouvrage déléguée, le cofinancement et l’investissement.
C’est ce qu’a annoncé le directeur général de l’institution, Abdelattif Zaghnoun, lors d’un point de presse organisé le 20 juin. « La façon actuelle de faire consomme beaucoup de fonds propres, et présente beaucoup de risques. Ceci limite notre capacité d’intervention », a déclaré le DG qui a sans doute à coeur la manière dont son prédécesseur, Anas Alami, pourtant exemplaire dans sa gestion, s’était fait évincé à la suite d’un scandale consécutif à une surexposition sur l’immobilier résidentiel.
En se retirant de l’opérationnel, la CDG consolide son institutionnalisation et s’éloigne du risque lié au client final. Sur la période 2011-2015, la Caisse a investi 45 milliards de dollars dans un vaste schéma de diversification qui l’a emmené parfois à jouer le rôle du bon samaritain à la rescousse de projets en difficulté. Environ 142 entités ont été consolidées sur la période contre 80 seulement en 2007.
Ce recentrage annoncé sur la gestion de l’épargne et la prévoyance, la finance (création d’un fonds d’investissement en vue) et le développement territorial exprime clairement le désir d’adopter une démarche structurée en matière d’investissement. La CDG doit rentabiliser ses placements pour rémunérer l’épargne qui lui est confiée et garantir la pérennité de ses fonds propres. A moyen terme, l’on devrait assister à un grand plan de cession d’actifs, notamment dans le tourisme et l’immobilier.
Khalid Berrada, Casablanca