Moody’s a ramené vendredi soir la note de la dette à long terme turque à Ba1 contre Baa3, en précisant que la perspective de cette note était stable, ce qui écarte la possibilité d’une nouvelle modification à court terme.
Cet abaissement en catégorie spéculative (« junk »), considéré comme un coup d’Etat financier par les milieux les plus nationalistes, pourrait dissuader certains investisseurs étrangers de se tourner vers la Turquie alors que le pays dépend des flux d’investissement pour financer son déficit courant, l’un des plus importants du G20. L’appréciation de Moody’s pourrait être le signal d’une vente massive d’obligations du pays détenues par les grands investisseurs internationaux.
L’agence fonde sa décision par l’augmentation des risques liés à l’importance des besoins de financements extérieurs du pays (et) l’affaiblissement de certains fondamentaux de crédit auparavant favorables, notamment la croissance et la solidité des institutions.
La Turquie a besoin de 200 milliards de dollars de flux d’investissement par an pour financer son déficit courant et assurer le service de sa dette en devises.
Ankara pourrait choisir de relever ses taux d’intérêt pour attirer les investisseurs mais jeudi, au contraire, la banque centrale a réduit son principal taux directeur, négligeant la montée de l’inflation après les appels répétés du président Recep Tayyip Erdogan en faveur d’une baisse du coût du crédit.
Erdogan a critiqué à plusieurs reprises la partialité des agences de notations, allant jusqu’à accuser en juillet S&P de s’être rangée aux côtés des organisateurs de la tentative de putsch militaire.
Le Premier ministre, Binali Yildirim, a déclaré que la décision de Moody’s prouvait que l’agence n’était pas impartiale et qu’elle ne fondait pas ses décisions uniquement sur des critères économiques.
« Nous ne pensons pas que ces jugements soient extrêmement impartiaux. Nous pensons qu’ils visent à créer une certaine image de l’économie turque », a-t-il dit à la presse.
La livre turque a cédé du terrain après l’annonce de Moody’s, à 2,966 pour un dollar contre 2,954 vendredi avant la décision de l’agence.
Standard & Poor’s avait déjà abaissé de deux échelons sa note de la Turquie peu après la tentative de coup d’Etat du 15 juillet.
Une partie des fonds d’investissement excluent d’investir dans des pays qui ne sont pas notés en catégorie d’investissement par au moins deux des grandes agences de notation mais Fitch Ratings est désormais la seule maintenant sa note de la Turquie en catégorie « investment grade », et elle doit procéder à une nouvelle évaluation d’ici le début de l’an prochain.