La Côte d’Ivoire peut-t-elle tenir le rêve de devenir producteur « respectable » d’or noir dans le sillage de son voisin ghanéen ? Le pays a perdu un quart de sa production en une année, selon les derniers chiffres publiés par le gouvernement. « A fin décembre 2014, la production de pétrole brut enregistre une baisse de 24,50% par rapport aux résultats obtenus en décembre 2013 ». Une annonce qui confirme la dépression du pétrole ivoirien amorcé depuis quelques années.
D’un peu plus de 39 800 barils jour en 2010, la production a dégringolée, selon nos calculs, à une moyenne journalière de 29 500 en 2012 avant de se situer à 37 000 barils jours au premier trimestre 2014. En fin septembre, le gouvernement annonçait une baisse à 19 000 barils jour. Une chute de près de 50% par rapport aux relevés de 2010. Loin des 50 et 60 000 barils quotidiens que généraient les champs ivoiriens au milieu des années 2000. La situation est imputable à « des arrêts de production du champ Baobab au premier trimestre 2014 et de la déplétion des champs pétroliers Espoir, Lion et Panthère » précise le gouvernement.
Quant au gaz naturel, la production est en hausse de 0,23% par rapport aux réalisations à fin décembre 2013. « Cette légère hausse est liée à la performance du champ Foxtrot ».
Conséquence, dans un contexte de morosité continue des cours mondiaux, les recettes publiques tirées des hydrocarbures en 2014 se sont établies à 96,9 milliards de francs CFA, en baisse de 48,91% par rapport à 2013.
Recherches en offshore profond
Situés jusque-là dans des zones peu profondes et proches des côtes, donc faciles à explorer, le pétrole ivoirien est de plus en plus recherché plus au large, dans les profondeurs sous-marines. Le pays mise ainsi sur des recherches en offshore profond pour pallier à l’épuisement programmé de ses gisements, les côtes ivoiriennes présentant de réels potentiels de l’avis d’experts. Avec un intérêt particulier pour la zone proche de la frontière maritime litigieuse où le Ghana voisin a découvert le géant champ « Jubilee » estimé à 1 milliard de barils.
En octobre 2014, le Premier ministre Daniel Kablan Duncan a conduit une mission de promotion du bassin sédimentaire ivoirien à Houston, aux Etats-Unis, afin d’attirer davantage d’investisseurs pour l’exploration des « eaux ultra profondes » ivoiriennes déjà animées par des majors telles Tullow, CNR, Total, etc.
En avril 2014, le groupe français Total a annoncé une découverte « prometteuse » dans l’un de ses puits d’exploration avec « un système pétrolier efficace à huile légère » à 4 655 mètres de profondeur à l’ouest des côtes, après une première découverte un an plus tôt.
Une note d’espoir qui vient conforter les projections du gouvernement qui table sur une production oscillant entre 80 000 et 100 000 barils jours, voire le double, aux alentours de 2020. Une ambition qui sera facilitée en cas de remonter des cours pour relever la rentabilité des investissements ; l’exploitation en offshore profond étant réputée un peu plus onéreux.