Alors qu’il sirotait son café dans le salon VIP d’un aéroport parisien, Maixent Accrombessi, 50 ans, a été interpellé, tôt ce lundi 3 août, par les policiers de l’Office central français de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCLIF).
L’interpellation du dircab du President Ali Bongo qui aura duré plus de 12 heures est en lien avec une enquête préliminaire ouverte le 9 juillet 2007 pour «corruption d’agent public étranger» et «blanchiment» et qui, au demeurant, n’a rien à voir avec ses fonctions actuelles.
Sitôt notifié, M. Accrombessi a essayé de fait jouer son immunité diplomatique. La police française qui intervenait, semble-t-il, en liaison avec le Quai d’Orsay (Le ministère français des Affaires Etrangères) lui a opposé une fin de non recevoir. La haute personnalité gabonaise ne disposait pas d’un ordre de mission. Faux, rétorque à Financial Afrik, une source proche de la présidence gabonaise. Le haut commis était bel et bien en mission. C’est après avoir présenté toutes les pièces justificatives du caractère officiel du déplacement de M. Accrombessi à Paris que l’ambassade gabonaise a obtenu la relaxe de l’a haute personnalité. Pareille mésaventure ne peut, évidemment, tomber que sur un officiel africain.
L’affaire de la corruption présumée, remise au goût du jour en juin dernier par l’affaire Tomi, est un plat réchauffé qui date de l’année 2005 , à la faveur d’un contrat passé entre la société française Marck, spécialisée dans la confection d’uniformes militaires, et le ministère de l’intérieur gabonais, pour un montant de 7 millions d’euros.
Un virement de 300 000 euros émis le 7 juin 2006 par la société Marck vers un compte monégasque appartenant à la société CITP, de droit gabonais, gérée par le malien Seydou Kane, présenté comme proche de Maixent Accrombessi.
D’autres virements portant sur 2 millions d’euros ont encore été émis par la société Marck vers un compte monégasque détenu par la société AIKM, domiciliée au Bénin et gérée par Maixent Accrombessi lui-même.
Au delà des motifs factuels servis aux médias selon la voie classique des fuites organisées, cette affaire s’inscrit dans un long feuilleton politico-judiciaire entre Paris et Libreville. Du redressement fiscal historique du pétrolier Total à hauteur de 800 millions de dollars en passant par la divulgation des enregistrements du président Ali Bongo, les signes de frictions entre les deux capitales sont nombreuses.
Tout porte à croire qu’au delà du dircab, c’est le locataire du palais de bord de mer en question qui est visé. Les vraies raisons dépassent le cas Maixent Accrombessi.