Au terme d’une première journée marquée par l’ambiance baroque de l’ouverture du sommet et les discours de plusieurs chefs d’Etat (à retenir l’hommage de Macky Sall qui a baptisé le lieu des conférences, joyau construit par une entreprise turque en un temps record pour 58 milliards de FCFA, le Centre International des Conferences Abdou Diouf. A retenir aussi les appels respectifs des présidents gabonais et ivoirien, Ali Bongo et Alassane Ouattara, pour une francophonie de la pluralité linguistique et pour la libre circulation des personnes, des biens et des technologies au sein des pays membres), les délégations auront aujourd’hui à faire le choix du successeur d’Abdou Diouf.
Ce fut d’ailleurs, avec Ebola, le plat de résistance servi aux chefs d’Etat lors du dîner offert hier soir par Macky Sall à ses hôtes dans le somptueux Palais de la Republique. La presse canadienne et française, qui ne s’est pas intéressée aux autres candidats, voit en Michaël Jean, canadienne d’origine haïtienne, la personnalité la mieux placée pour briguer le poste de secretaire genéral de l’OIF.
La réalité est beaucoup plus complexe puisqu’il n’y a pas eu de consensus fort sur un nom. L’interview de François Hollande dans RFI et France 24, donné à la veille de la Conférence, a pris par endroit les allures d’une critique ouverte envers le Canada en désaccord avec Paris sur les enjeux du climat. La France qui a consacré 1 milliard de dollars pour le fonds vert dédié au climat est en guerre froide avec le Canada sur toutes les négociations globales sur le climat.
Dans son discours de Dakar, le President Hollande qui a corrigé son adversaire (Nicolas Sarkozy, qui a repris les rênes de l’UMP) en parlant de l’Afrique comme berceau de l’histoire, a fusitigé ces chefs d’Etat qui veulent tripatouiller la constitution de leurs pays pour se représenter indéfiniment. « Defendre le français c’est defendre la démocratie ».
D’aucuns pensent que cette déclaration forte porte ombrage à un certain nombre de candidats et en particulier au major Pierre Buyoya du Burundi pour son passé de putschiste. L’écrivain congolais Henri Lopès, qui n’a pas fait campagne, semble de son côté nourrir peu d’illusions compte tenu du contexte actuel de la francophonie et de la situation de son pays où le débat sur la modification de la constitution en 2016 n’est pas encore tranché.
Reste Jean Claude de l’Estrac de l’Ile Maurice, pays à la fois exemple de la démocratie, de la gestion harmonieuse des diversités linguistiques et de la réussite du développement. Journaliste, ancien ministre de l’Industrie et du Tourisme, Jean Claude de l’Estrac a pris part à l’Odyssée qui a vu un pays condamné par les prédictions d’un prix Nobel de l’Economie devenir l’un des premiers Hubs de la mondialisation. Le choix du mauricien pourrait marquer ce point de bascule vers une francophonie des diversités linguistiques et des progrès economiques.