L’émission réussie de la Côte d’Ivoire balise la route pour le Sénégal. Comparés aux émetteurs souverains analogues, l’éléphant qui a emprunté 750 millions de dollars sur 10 ans au taux de 5,625% a bénéficié d’un meilleur à priori positif vis-à-vis des investisseurs .
Pour rappel, le Kenya a levé 1,5 milliards dollars en juin dernier au taux de 6,875 pour une maturité de dix ans. Le coupon obligataire kenyan cotait à 6,05% le 17 juillet, un autre signe de l’appétit des investisseurs britanniques et américains (premiers souscripteurs des obligataires africains) par rapport au risque africain. Le cas de la Côte d’Ivoire est d’autant plus spectaculaire que ce pays, premier producteur mondial du cacao, avait fait défaut en 2011 sur une échéance de son obligation de 2,3 milliards de dollars dû en 2032 .
Signe du retour de confiance, le coupon lié à cette obligation est tombée à son plus bas, soit 5,88% le 17 juillet, un record. Il semble au vu du succès rencontré par le nouveau placement que le marché a intégré parfaitement la rupture positive qu’a connue ce pays depuis 2011. Avec un PIB en croissance de 8,2% , largement au dessus de la moyenne de l’Afrique subsaharienne (5,4%), le pays d’Alassane Ouattara est porté par les grands chantiers et les réformes de l’environnement des affaires.
L’offre du Sénégal devrait profiter de la vague ivoirienne
Pour le moins, ce succès devrait jouer un effet contagieux sur le Sénégal, deuxième économie de la zone UEMOA, lié à la Côte d’Ivoire par une même monnaie et le même cadre macroéconomique en matière de discipline budgétaire. Avec des syndicats de placement qui se recoupent (Citigroup Inc., Société Générale SA et Standard Chartered arrangent l’offre sénégalaise), une notation similaire (B+ de Moody’s et Fitch pour la Côte d’Ivoire, B+ de Moody’s et S&P pour le Sénégal), les deux offres, libellées initialement autour de 500 millions de dollars, devraient susciter le même engouement. La différence résiderait sans doute sur les prévisions de croissance. Là où la Côte d’Ivoire devrait faire un bond de 10%, le Sénégal escompte 4,6%.