Selon une note de recherche d’Ecobank sur la conjoncture des matières premières, le broyage de fèves de cacao serait en baisse sur la campagne 2014/2015 par rapport à la période précédente.
Le volume de broyage de cacao en Côte d’Ivoire est estimé autour de 500 000 à 540 000 tonnes, soit 29 à 32% de la production qui devrait se hisser à 1,720 million de tonnes au cours de cette campagne, à comparer avec le niveau record de 570 000 tonnes de la saison dernière qui a enregistré un tonnage de 1,740 millions de fèves.
«La baisse des capacités de broyage de cacao reflète les conditions défavorables pesant sur le secteur, en particulier une modification du régime fiscal il y a plus de deux ans qui a conduit à une augmentation de 25 % de la taxe à l’exportation » souligne l’étude.
Autre raison évoquée, la qualité des fèves de la campagne intermédiaire (qui dure d’avril à septembre) jugée plus petite et relativement faible en matière grasse (moins de 48% contre 54% pour les plus grosses fèves), ce qui impacte la valeur marchande du produit broyé alors que les prix d’achat aux planteurs ont été maintenus à 850 francs CFA le kilogramme.
Toutes choses qui grèvent la rentabilité des unités de transformation affectant ainsi plus durement les plus petites unités. Sucso, qui transformait pour le chocolatier Cemoi, a fermé ses portes et Condicaf ne broie pas à pleine capacité. Idem pour Olam dont l’usine repris au chocolatier américain ADM semble être en forte baisse de production, laissant perplexe sur la stratégie du géant singapourien qui a pourtant inauguré en début d’année une unité de broyage dans la ville portuaire de San Pedro.
Selon Ecobank, les négociations sur le DUS, droit unique de sorti, principale taxe à l’export du cacao, seraient au point mort, ce qui pourrait ralentir les nouveaux investissements et remettre en cause l’objectif du gouvernement de porter le niveau de transformation de 35% à 50% en 2020.
Si la fixation d’un prix plus rémunérateur est de nature à assurer la durabilité de la production ( les paysans percevant au moins 50% du prix CAF et 1 305 milliards de FCFA ont été distribués aux planteurs en 2014), la Côte d’Ivoire est confrontée à un dilemme : celui de garantir la compétitivité des industries du secteur et faire partir de la chaîne de valeur du cacao et de disposer de ressources nécessaires pour alimenter un budget qui a connu une hausse d’environ 1 000 milliards de francs CFA en une année, soit un peu plus de 5 200 milliards en 2015.