Le président de la BAD, Alinwimi Adesina, a réussi son grand oral lors de ses Assemblées annuelles.
Son programme décennal axé sur le new deal a été approuvé. En huit mois d’exercice, le président a subtilement remis l’accès à l’Energie au devant de toutes les urgences, y compris au devant de l’Agriculture. S’éclairer puis se nourrir et non pas se nourrir puis s’éclairer. La dialectique se remet sur ses pieds.
–Lundi 23 mai 2016, le président de la Banque africaine de développement (BAD) Akinwumi Adesina a officiellement lancé le Comité spécial pour accélérer la mise en œuvre de la Stratégie décennale de la Banque. Le Comité a été mis sur pied afin de formuler des recommandations sur la façon de mettre en œuvre les Cinq grandes priorités, dites « Top 5 » de la Banque et soutenir son action. Kofi Annan, ex-secrétaire général de l’ONU et actuel président de l’Africa Progress Panel, et Horst Kohler, ancien président de la République fédérale d’Allemagne en sont les coprésidents. Les membres du comité sont K. Y. Amoako, président du Centre africain pour la transformation économique ; Paul Collier, directeur de la Faculté d’économie de l’université d’Oxford ; Jay Irlande, PDG de General Electric pour l’Afrique ; Justin Lin, professeur et doyen honoraire de l’université de Pékin ; Trevor Manuel, conseiller principal du Groupe Rothschild ; Ngozi Okonjo-Iweala, présidente du Conseil d’administration de l’Alliance GAVI ; Mary Robinson, ex-présidente de la République d’Irlande ; Ismail Serageldin, directeur de la bibliothèque d’Alexandrie ; Joseph E. Stiglitz, professeur émérite à l’université Columbia ; et Lars Thunell, de Global Water Development Partners.
–Le réendettement de l’Afrique fait encore parler de lui. Dans son discours d’ouverture des Assemblèes de la BAD, le prèsident Akinwimi Adesina rappelle que l’encours des Eurobonds émis entre 2006 et 2014 a atteint 26 milliards de dollars. Pour la seule année 2015, ces émissions ont culminé à 12 milliards de dollars. Attention au retour de bâton du marché.
–La stratégie de la BAD de créer 25 millions d’emplois dans les dix prochaines années vient de s’enrichir du soutien de la Fondation Tony Elumelu. Celle-ci va consacrer 100 millions de dollars pour appuyer les jeunes talents et créateurs d’entreprise. Le milliardaire nigerian, à l’origine de l’adoption du programme Africa Power par le Sénat américain, est très actif dans l’incubation des start up.
–Les assemblées générales 2017 de la BAD se dérouleront en Inde. Les institutions financières de ce pays étaient visibles lors des éditions 2016 qui ont vu aussi la tenue de la 4ème édition de l’India-African partenership day, journée dédiée au partenariat bilatéral. Fait marquant, Export-Import Bank of India (EXIM) a annoncé la mise en place d’une ligne de 10 milliards de dollars pour appuyer les pays africains dans le domaine de l’assurance santé.
–Olusegun Obasanjo n’a pas failli à sa réputation d’homme de contradiction. En pleine assemblées de la BAD consacrées à l’Energie et aux défis des changements climatiques, l’ancien prèsident nigérian a plaidé pour la construction des centrales à charbon pour connecter 600 millions africains à l’électricité. « Je suis environementaliste mais je n’hésiterai pas à dégrader l’environnement pour donner de l’énergie aux gens ». Et Obasanjo, droit dans son boubou, de rappeler que sans charbon l’Europe n’aurait jamais accéder à son niveau actuel de développement.
–Distinction pour le président zambien, Edgar Lungu, récipiendaire du trophée « Africa Roads Builders » de la part d’Acturoutes (Côte d’Ivoire). Cette distinction récompense les énormes projets routiers entrepris en Zambie pour relier dix régions de ce pays. Notamment le projet Link Zambia 8000 visant à l’amélioration et au développement d’un réseau routier de 8 000 km, le projet Pave Zambia 2000 pour goudronner 2 000 km de routes dans les municipalités et le projet L400 destiné à réhabiliter 400 km de routes à Lusaka, la capitale. Le Roi du Maroc, Mohammed VI, le président ivoirien, Alassane Ouattara et le prèsident du Gabon, Ali Bongo, ont aussi été honorés du même prix, «Super Bâtisseur», pour des projets d’infrastructures à fort impact économique et social. Nous y reviendrons.
–Les Trophées African Banker 2016 ont été remis le 25 mai dans les jardins de l’hôtel intercontinental de Lusaka. La marocaine Attijariwafa Bank, présente dans 20 pays, a remporté le Trophée Banque de l’année 2016. Daniel Matjila, PDG du fonds sud-africain Public Investment Corporation, qui gère un portefeuille de 139 milliards $, a reçu le Trophée African Banker Icon (Banquier africain modèle). Le Trophée très prisé de Banquier de l’année est revenu au directeur général de GTBank, Segun Agbaje. Le Trophée du Ministre des Finances de l’année est décerné au Camerounais Alamine Ousmane Mey, de quoi le galvaniser dans cette phase de pré-emprunt obligataire à l’international. Patrick Ngugi Njoroge du Kenya a obtenu le Trophée du Gouverneur de la Banque centrale africaine de l’année. Paul Fokam, président de l’Afriland First Group, a reçu le Trophée de la Carrière exemplaire..
–La Facilité africaine d’amélioration du climat des affaires (ICF, Investment Climate Faclity for Africa) a reconduit son partenariat avec la BAD. L’agence, plateforme unique entre le secteur privé, les pouvoirs publics et les partenaires au développement, avait bénéficié d’un financement de 150 millions de dollars sur sept ans(2007-2014) puis d’une extension de deux ans (2014-2016). Avec 73 projets approuvés et un impact sur 36 pays, l’ICF voudrait passer à la phase 2 de son programme.
-Le fonds de garantie vert (Green Garanty Facility) vient de voir le jour à Lusaka, en marge des 54èmes assemblées générales de la Banque Africaine de Développement. Ce mécanisme lancé le 25 mai est le fruit du partenariat entre l’African Guarantee Fund (AGF) et Le le Nordic Development Fund (NDF).L’AGF est un fonds de garantie mis en place par les gouvernements d’Espagne et de Danemark pour accompagner les PME africaines en quête de financement. La France a rejoint l’actionnariat en 2015. Le NDF en a fait de même en 2016. Le nouveau fonds de garantie vert met à la disposition des entreprises des facilités de garantie à long terme dans la Finance climat. Le fonds est doté d’un capital de départ de 6 millions d’euros, apport du NDF mis à disposition depuis avril 2016.
–Un important protocole a été signé le 25 mai à Lusaka entre l’African Risk Capacity (ARC) et la Conférence Inter-Africaine des Marchés d’Assurance (CIMA). Cet accord décisif dans la structuration de la capacité de réaction des Etats africains face aux risques climatiques a été suivi par la signature d’une lettre d’intention entre l’ARC et la Banque africaine de développement (BAD). Ces signatures serviront à soutenir la croissance de l’ARC et sa collaboration avec les institutions africaines clés, a fait savoir Mohamed Beavogui, Directeur Général de l’ARC. La mutuelle panafricaine de gestion des risques (ARC) avance ainsi à grand pas vers son objectif de fournir 2 milliard de dollars US de couverture d’assurance contre les catastrophes naturelles aux populations le plus vulnérables en Afrique.
–Un mémorandum of standing a été signé le 25 mai 2016 à Lusaka entre la Banque Africaine de Développement (BAD) représenté par son président, Akinwimi Adesina, et le programme Millenium Challenge Corporation (MCC) représenté par Marisa Logo, secrétaire général adjoint du Trésor américain. Cet accord s’inscrit dans le traditionnel partenariat entre les deux entités. Parmi les objectifs, la mobilisation des financements privés, les échanges de données et l’intégration régionale.
–Lundi 23 mai 2016 à Lusaka, en marge de ses Assemblées annuelles 2016, la Banque africaine de développement (BAD) a signé avec Madagascar un accord de prêt de 1,1 million de dollars EU, destiné à appuyer la préparation d’un programme d’entrepreneuriat agricole pour les jeunes Malgaches. Ce Programme dit « Enable Youth » s’adresse aux diplômés universitaires avec l’objectif de leur offrir des emplois décents et bien rémunérés. Il a pour autre avantage d’aider aussi à renforcer la sécurité alimentaire dans le pays. En signant l’accord au nom de son pays, le ministre malgache des Finances et du Budget, Gervais François Marie Maurice Rakotoarimanana, a fait valoir le bien-fondé du projet qui, a-t-il souligné, bénéficiera aux jeunes qui composent 50 % de la population, et aidera à améliorer la chaîne de valeurs, notamment dans l’agriculture commerciale.
–Débat sur les flux financiers illicites. Le débat sur les flux financiers illicites animée par la célèbre journaliste kényane Uduak Amimo a été intéressant sans pour autant atteindre les sommets. L’Afrique perd chaque année quelque 30,4 milliards de $ EU en flux financiers illicites vers l’étranger, a rappelé la consœur, qui marchait sur les plates bandes du rapport Tabo Mbekki. En d’autres termes, pour chaque dollar EU d’aide publique au développement reçu par les pays pauvres, 10$ sont illicitement transférés à l’étranger. Le débat, très consensuel, fut tout sauf musclé. Étaient présents dans le panel Henry K. Rotich, ministre des Finances du Kenya, Patrick Conteh, ministre d’Etat aux Finances et au Développement éonomique de Sierra Leone, Cheikh Tidiane Diop, secrétaire général du ministère de l’Économie et des Finances du Sénégal,Edith Clémence Yaka, directrice du Budget au ministère de l’Économie et des du Burkina Faso et Charles Boamah, vice-président, BAD.
–Le prèsident de la BAD, Akinwimi Adesina a signé, le 23 mai, un partenariat pour la promotion de la nutrition en Afrique avec Jamie Cooper, président de Big Win Philanthropy, et Zouera Youssoufou, CEO de Dangote Foundation.
Adama Wade, Lusaka.