Le président nigérian Muhammadu Buhari veut emprunter 30 milliards de dollars pour financer son programme de développement entre 2016-2018. Rejeté par le sénat dans sa session du 25 octobre, l’emprunt n’est toujours pas abandonné et devrait tenter une nouvelle validation par le parlement.
Le débat fait rage sur l’opportunité d’un tel emprunt d’autant plus contesté que le plan d’emploi clair des fonds levés n’est pas totalement connu. Parmi les opposants à la mesure, figure Sanusi Lamido, ancien gouverneur de la Banque Centrale du Nigéria et émir de Kano, très critique à l’égard de la politique économique du président Buhari. « A supposer que le sénat approuve la mesure, personne ne nous prêterait un tel montant car nous avons 5 taux de change », a-t-il déclaré, faisant allusion aux cours paralléles de la monnaie nationale nigériane. Aux yeux de l’ancien gouverneur de la CBN, le recours réaliste serait l’encouragement à l’investissement privé à coup d’incitations fiscales. Un point de vue qui rejoint celui de l’ancien président nigérian, Olesegun Obasanjo, opposé à toute idée d’un emprunt qui viendrait effacer les efforts consentis par le passé pour désendetter le pays. « Le Nigeria mobilisait jusqu’à 3 milliards de FCFA pour le service de la dette », rappelle celui que les observateurs présentent uninaniment comme étant meilleur en tant qu’ex président qu’il ne fut en tant que président.