Selon une étude récente de la CNUCED, les investissements étrangers en Egypte restent très inférieurs à leur niveau d’avant 2011. Dans la région, le pays vient même d’être doublé par le Maroc.
L’Egypte reste à l’écart des Investissements Directs Etrangers (IDE) dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA), et ce, pour la deuxième année consécutive. C’est ce que révèle le rapport annuel sur les tendances de l’investissement dans le monde, publié la semaine dernière par la Conférence des Nations-Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), qui chiffre le montant des IDE entrants en Egypte à 2,7 milliards de dollars en 2012, soit près du quart des flux investis en Afrique du Nord. En hausse par rapport à 2011, ce chiffre reste «néanmoins bien inférieur aux niveaux atteints dans le pays avant 2011, soit 6 milliards de dollars », note le rapport qui poursuit : « Le redressement de 2012 s’explique en partie par le retournement de la situation dans un pays qui a subi un mouvement de fuite des capitaux de 500 millions de dollars après la révolution ». Un rapport de la Banque Centrale d’Egypte (BCE) confirme d’ailleurs le constat de la CNUCED, avec un flux d’IDE nets estimés à 2,75 milliards de dollars en 2012. Sur la vingtaine de pays de la région MENA (pays du Golfe, Turquie, Israël et Afrique du Nord), l’Egypte est le sixième pays en matière d’attraction des investissements étrangers, selon les résultats du rapport.
La Turquie occupe la première place de ce classement (avec 12,4 milliards de dollars d’IDE), suivie de l’Arabie saoudite (12,1 milliards), d’Israël (10 milliards), des Emirats arabes unis (9,6 milliards) et du Maroc qui passe pour la première fois devant l’Egypte avec 2,8 milliards de dollars d’IDE. Selon le rapport de la CNUCED, le volume global des investissements étrangers dans la région MENA a cependant augmenté, s’établissant à 58,6 milliards de dollars. Cette hausse s’explique par l’activité des fonds de capital-investissement, qui investissent dans le capital d’entreprises non cotées en Bourse : celle-ci a été importante en Afrique en 2012. « L’Egypte à elle seule a reçu 8 % du total des investissements de ces fonds dans ce continent », indique l’Organisation des Nations- Unies. Les industries extractives demeurent le principal pôle d’attraction du continent, mais l’investissement dans les projets manufacturiers et les services progresse, en réponse à la croissance de la consommation.
Le pétrole et le gaz toujours favoris des investisseurs
En Egypte, c’est le secteur du pétrole et du gaz qui s’empare de plus de la moitié des IDE, révèle le rapport de la BCE. « En 2011, l’instabilité politique a empêché les sociétés multinationales d’injecter de nouveaux investissements dans le secteur, mais elles ont été officiellement invitées à reprendre leurs investissements l’an dernier pour ne pas risquer un arrêt de la production », précise Wael Ziada, directeur du département des recherches du groupe financier EFG-Hermes. Fin 2012, les stocks d’IDE s’élevaient à 75,4 milliards de dollars en Egypte, 48,1 milliards au Maroc, 33,6 milliards en Tunisie et 23,2 milliards en Algérie, sur un total de 629 milliards de dollars pour l’ensemble de l’Afrique et 22 812 milliards sur le plan mondial. Plus inquiétant encore que la faiblesse de l’entrée des investissements étrangers, les investissements étrangers sortants du pays (ceux que les entreprises étrangères emportent à l’extérieur du pays) diminuent de deux tiers, passant de 626 millions de dollars en 2011 à 211 millions de dollars en 2012.
Source: Al Ahram Hebdo