Grincement des dents de l’Egypte
La plus grande centrale hydraulique d’Afrique devrait devenir opérationnelle en Ethiopie d’ici à 2017. Erigé sur le Nil Bleu, à une trentaine de kilomètres du Soudan, le barrage de la Grande Renaissance est une promesse de prospérité pour ce pays, dont le PIB a crû de 10 % par an de 2005 à 2010 et de 7 % depuis, selon le FMI, et dont les besoins en électricité sont en hausse de 30 % par an.
Entamé en mai 2013, ce projet pharaonique est censé faire du pays le premier producteur d’électricité du continent avec une capacité de 6 000 MW. Les revenus de l’exportation d’électricité qui résulteront des nouveaux projets hydrauliques sont estimés à 2 millions d’euros par jour, soit 730 millions d’euros par an à partir de 2017.
Le projet rencontre de vives critiques de l’Egypte qui craint que la clé de répartition des eaux du Nil ne s’en trouvent bouleversées: « Les Etats riverains en amont du fleuve ont le droit d’utiliser le Nil pour leur développement, aussi longtemps qu’ils ne causent pas de grands dommages aux pays riverains en aval, et c’est pour cette raison que l’Ethiopie est en train de construire le Grand barrage de la renaissance éthiopienne (GERD)”, déclarait fin février, Dina Mufti, porte parole du ministère éthiopien des Affaires étrangères.
Le projet du barrage de la Grande Renaissance est réalisé au tiers. Il faudra compter 5 à 7 ans, selon l’organisation « International Rivers » pour remplir le réservoir qui pourra contenir 70 milliards de mètres cubes d’eau. Le projet a été financé par le gouvernement et par le peuple éthiopien comme par la diaspora, qui a souscrit à des obligations « barrage ». Le coût total est évalué à 4,7 milliards de dollars.
Il a été dit que le gouvernement faisait pression pour que les citoyens (88 millions d’habitants), et notamment les fonctionnaires, achètent ces obligations. « Il n’y a pas de pression, assure Michele Ashebir Weldegabir, premier conseiller à l’ambassade d’Ethiopie à Paris, les Ethiopiens sont engagés parce qu’ils sont décidés à sortir de la pauvreté et accéder au développement ».