Par Abderrahmane MEBTOUL, Professeur des universités, expert international docteur d’Etat, – diplômé -expert-comptable Europe- haut magistrat, ancien conseiller cour des comptes.

Alger, du 19 au 22 mai 2025 – La capitale algérienne accueille cette semaine les Assemblées annuelles de la Banque islamique de développement (BID), placées sous le thème « Diversification économique : un enrichissement de la vie ». Cet événement réunit chefs d’État, ministres, représentants du secteur privé, experts internationaux et institutions financières autour de l’enjeu stratégique de la finance islamique. Classée AAA, la BID regroupe 57 pays membres sur quatre continents. Guidée par les principes de la Charia, elle promeut une finance éthique fondée sur l’interdiction de l’intérêt, la limitation du risque spéculatif et la traçabilité des opérations. Son encours global devrait atteindre 4 940 milliards de dollars en 2025, contre 3 500 milliards en 2024.
Pour l’Algérie, qui développe depuis 2020 un segment bancaire islamique, les dépôts cumulés ont atteint 900 milliards de dinars (6,76 milliards USD). Pourtant, cela reste modeste face à une économie informelle estimée à plus de 8 273 milliards de dinars, soit près de 34 % de la masse monétaire du pays.
Les défis sont clairs : élargir l’accès aux produits financiers islamiques, capter l’épargne informelle, et accélérer la digitalisation des transactions (actuellement sous les 20 %). En structurant les partenariats public-privé et en renforçant les outils fintech, la BID ambitionne de faire d’Alger un catalyseur régional pour l’essor de la finance islamique.
Dans le monde, la finance islamique affiche une croissance robuste depuis deux décennies : 500 milliards USD en 2006, 1 100 milliards en 2010, 2 080 milliards en 2015, 2 640 milliards en 2018, 2 800 milliards en 2020, 3 500 milliards en 2023/2024, avec une projection à 4 940 milliards de dollars d’ici fin 2025, selon un rapport de la BID. Cette expansion est principalement portée par quelques grandes économies : l’Iran (28,5 %), l’Arabie saoudite (22,1 %) – qui abrite Al Rajhi Bank et Saudi National Bank, les deux plus grandes banques islamiques mondiales –, la Malaisie (11,4 %), les Émirats arabes unis (9,2 %), le Qatar (6,5 %) et le Koweït (6,0 %). Les autres pays membres totalisent les 16,3 % restants. Pour les acteurs émergents comme l’Algérie, les Assemblées d’Alger représentent donc une opportunité stratégique pour accélérer l’intégration à cet écosystème global en forte mutation.