Abidjan a accueilli, ce jeudi 27 novembre, la 6ᵉ édition du Next Fintech Forum, rassemblant des acteurs majeurs de l’écosystème fintech africain et international. Ce rendez-vous a permis de dresser un bilan des avancées du secteur et d’identifier les défis qui freinent encore son expansion.
Avec un taux d’inclusion financière de 84,34 % en 2021, soit une augmentation de 5,24 points par rapport à l’année précédente, la Côte d’Ivoire illustre parfaitement le rôle crucial de la fintech dans l’élargissement de l’accès aux services financiers. Grâce à des innovations portées par des startups dynamiques, le pays tend à réduire significativement le fossé d’inclusion restant pour atteindre une couverture totale de la population.
Au-delà de cette performance, le pays dispose de solides atouts pour devenir un leader africain de la fintech : Un marché en croissance rapide, porté par une population jeune et connectée, un cadre réglementaire favorable, stimulant l’innovation dans les services financiers numériques, un écosystème entrepreneurial dynamique, soutenu par des initiatives publiques et privées. Ces facteurs attirent les investisseurs et encouragent les partenariats entre startups, grandes entreprises et institutions publiques.
Le Next Fintech Forum a offert une plateforme d’échanges autour des grandes problématiques du secteur. Les discussions ont mis en avant ; Les obstacles réglementaires, humains et culturels, freinant l’expansion de la fintech, les défis de la cybersécurité, cruciaux dans un environnement digitalisé et les opportunités qu’offrent les partenariats public-privé pour accélérer l’inclusion financière.
Les témoignages d’acteurs ayant réussi à s’implanter sur les marchés africains et européens ont permis de partager des stratégies concrètes, notamment en matière de gestion des risques et de pénétration des marchés.
Sidi Mohamed Ould Dhaker, conseiller du gouverneur de la Banque centrale mauritanienne, a souligné : « L’innovation digitale apporte des opportunités mais également des risques inédits. Contrairement à la finance traditionnelle, déjà bien régulée, les nouveaux acteurs – tels que les établissements de paiement – nécessitent des cadres réglementaires adaptés. »
Il a ajouté : « Les activités comme le crowdfunding ou les paiements digitaux, intrinsèquement liées à la digitalisation, demandent une régulation progressive, mais ferme. »
Malgré ses nombreux atouts, la fintech en Côte d’Ivoire doit encore surmonter plusieurs obstacles ; La sécurité des transactions en ligne et la protection des données personnelles demeurent des priorités, la confiance des utilisateurs, essentielle pour garantir la stabilité financière, repose sur une supervision renforcée. Et L’éducation financière, pour accompagner les populations dans l’adoption des nouveaux outils numériques.
Face à ces enjeux, le gouvernement ivoirien multiplie les initiatives. En août 2024, l’Agence de Promotion de l’Inclusion Financière (APIF) a lancé une étude visant la création d’un bureau d’innovation technologique. Ce projet ambitionne de soutenir l’innovation et de diversifier les services financiers numériques, en collaboration avec les acteurs du secteur.
La Côte d’Ivoire n’est pas un cas isolé. À l’échelle du continent, la fintech connaît une expansion fulgurante. Selon le rapport 2024 de la Banque européenne d’investissement (BEI), le nombre d’entreprises fintech en Afrique a presque triplé, passant de 450 en 2020 à 1 263 début 2024. Cette croissance reflète une transformation profonde des systèmes financiers africains, où la fintech joue un rôle central pour stimuler l’inclusion financière et l’innovation économique.