En prélude de l’African Energy Week prévu à Cap Town, du 16 au 20 octobre 2023, la Chambre Africaine de l’Energie, présidée par NJ Ayuk, a convié le secteur pétrolier du continent à Paris, le 1er juin dernier, pour une rencontre avec les opérateurs du domaine, les investisseurs et les prescripteurs. “L’objectif c’est d’aller au delà des potentialités et de prendre des actions concrètes” a déclaré M. Ayuk, auteur du best seller “One million barrels”. Au rang des invités de marque, le ministre congolais des Hydrocarbures, Bruno Jean Richard Itoua, venu présenter les dernières perspectives de son pays de nouveau dans le radar des investisseurs suite aux récents développements dans le domaine. Également présent, Tom Alweendo, le ministre namibien du pétrole, qui a fait savoir que son pays maintiendrait ses participations existantes dans les actifs E&P, telles que définies par les contrats établis et signé avec des acteurs mondiaux, à travers la compagnie pétrolière nationale NAMCOR.
Également de la partie, Didier Budimbu, le ministre des Hydrocarbures de la République Démocratique du Congo (RDC) qui entendait présenter les réformes entreprises pour faciliter l’investissement. Dans son intervention, le ministre du plus grand pays d’Afrique centrale évoque un potentiel de 22 milliards de barils de pétrole à peine exploité et 300 000 tonnes métriques de produits finis consommés par jour.
Parmi les entreprises présentes à cette importante rencontre, à noter Total, Parenco, Petrosen et, entre autres, Technip. Il faut le dire, le débat, intense, s’est orienté très vite sur le paradoxe africain face à la transition énergétique. En d’autres termes, comment faire en sorte, martèle le ministre congolais, pour que les 600 millions d’africains qui n’ont pas accès à l’électricité et les 900 millions qui n’ont pas accès à une énergie propre (première cause de la déforestation) puissent être inclus ? “Il nous faudra une électricité plus efficience et moins génératrice de carbone”, a-t-il déclaré.
La réponse à la “pauvreté énergétique de l’Afrique”, passe forcément par l’investissement dans un contexte où, opine un investisseur, beaucoup de projets paraissent risqués mais leurs coûts d’accès restent compétitifs. Au delà des solutions nationales étroites, le ministre congolais des Hydrocarbures appelle à une perspective régionale voire continentale par l’interconnexion des réseaux de transport de lignes électriques sous régionales. Et de prendre en exemple, la “Boucle énergétique de l’amitié” mise en place entre le Congo, la RDC et l’Angola.
En attendant, les pays africains évoluent loin de leur potentiel. Ainsi, à lui seul, le Congo dispose de 28 000 MW mais n’en exploite que 1000 MW. Actuellement en discussion avec Total pour la construction d’un projet de centrale solaire de 500 MW, Brazzaville mise aussi sur les énergies renouvelables et le gaz pour combler ses déficits. A terme, l’ambition est, au delà de la valorisation des hydrocarbures, ds produire des fertilisants pour le Congo et la sous région. Il faudra dans cette optique compter sur l’efficience des coûts de facteur et de la logistique comme le relève Éric Mallet de African Global Logidtic, ex Bolloré Africa Logistic, avec 21 000 emplois dans 49 Pays africains, 20 ports en concession et 2 millions de mètre carrés de quais.
Pour sa part, le ministre namibien du pétrole a mis l’accent sur la transition énergétique. “Nous ne pouvons pas continuer à dépendre uniquement des énergies fossiles”. Et d’inviter les africains à consacrer leurs ressources pour d’abord alimenter les marchés domestiques. « Nous devons nous assurer que les investissements sont mutuellement bénéfiques afin que les Africains puissent voir que les ressources travaillent pour eux. Lorsque nous investissons, essayons de créer plus de valeur dans le pays », a déclaré le ministre.
Représenté à la rencontre de Paris par le directeur général du Groupe Petrosen, Thierno Seydou LY, le Sénégal devrait exporter ses premiers mètres cubes de gaz à la fin de cette année. « Notre code pétrolier garantit les conditions de transparence dans le secteur extractif avec des procédures simpfliées et une durée maximale de 3 mois entre l’expression des besoins et l’attribution de la licence ». Mais là aussi, l’un des objectifs stratégiques est de transformer le pétrole au niveau local.
Très attendu sur ces thématiques, Benoit de la Fourchadiere, CEO de Perenco, la compagnie pétrolière spécialisée en champs matures et champs marginaux, s’est réjoui des perspectives du continent dans les domaines du pétrole et du gaz. Présent sur 15 pays, Perenco tire 2/3 de ses 500 millions barils de production par jour de l’Afrique.
C’est clair, il va falloir du pragmatisme pour sortir du paradoxe africain de zone exportatrice du brut et importatrice de light. Cela passera par la formation des ressources humaines de qualité, objet d’un accord entre le Congo et Technip .