La Nouvelle Calédonie veut rester française dans ce qui n’est pas sans rappeler, la Guinée Conakry exceptée, le oui des pays africains au référendum de 1958. Près de 180 598 électeurs de cet archipel français, colonisé en 1853 et disposant d’importantes réserves de nickel, étaient invités à répondre à la question : « voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ? ».
Selon les les résultats provisoires complets de ce deuxième référendum d’autodétermination, l’archipel a dit « non » à 53,26 %. La consultation a été marquée par un taux de participation record, estimé à près de 86 %, soit une hausse de cinq points par rapport à 2018. Le « non » l’avait à l’époque emporté avec 56,7 % des voix.. L’écart est entrain de se réduire compte tenu de ces résultats partiels qui représentent 127 921 électeurs sur un total de 180 598.
Le président Emmanuel Macron qui, en mai 2018, déclarait que « la France serait moins belle sans la Nouvelle-Calédonie», a accueilli la victoire du « non » à l’indépendance « avec un profond sentiment de reconnaissance.«Les électeurs se sont exprimés, ils ont majoritairement confirmé leur souhait de maintenir la Nouvelle-Calédonie dans la France. En tant que chef de l’État, j’accueille cette marque de confiance dans la République avec un profond sentiment de reconnaissance. J’accueille également ses résultats avec humilité», a déclaré le président de la République lors d’une allocution solennelle à l’Elysée.
Située à 18 000 km de Paris, la Nouvelle Calédonie est profondément divisée entre les loyalistes (Droite), incarnés par le président du gouvernement, Thierry Santa, inquiet du clivage prononcé entre ses concitoyens sur une question aussi fondamentale, et Pascal Sawa, maire de Houaïlou et membre de l’union calédonienne (FLNKS), favorable à l’indépendance: Si ce n’est pas aujourd’hui que l’indépendance l’emporte, ce sera au troisième référendum. On respecte le résultat de ce soir ».
Ce référendum, comme le premier, s’inscrit dans un processus de décolonisation entamé en 1988 par les accords de Matignon, signés par l’indépendantiste kanak Jean-Marie Tjibaou et le loyaliste Jacques Lafleur, après plusieurs années de quasi-guerre civile entre Kanaks, peuple premier, et Caldoches, d’origine européenne.
Un troisième référendum est possible d’ici à 2022 conformément aux accords de Matignon de 1988 et Nouméa de 1998.. Une option que refusent déjà les loyalistes mais que les indépendantistes disent vouloir mettre en œuvre. En Nouvelle-Calédonie, le combat pour l’indépendance est mené par les Kanak, le peuple premier de l’archipel. C’est la communauté la plus importante : 38% de la population totale. C’est aussi la population majoritaire dans la province Nord et les îles Loyauté.
Si le « oui » l’avait emporté, l’indépendance « se traduirait par le transfert à la Nouvelle-Calédonie des compétences régaliennes, l’accès à un statut international de pleine souveraineté et l’organisation de la citoyenneté en nationalité », indique l’État français dans ce document. La France devait continuer cependant à assurer la sécurité, la justice ou encore la monnaie (Franc pacifique) pendant une période de transition.
Un rappel de l’Afrique de 1958
Le référendum sur la constitution de la Ve République et la Communauté a lieu le 28 septembre 1958 et le oui s’était imposé tant en Afrique Equtoriale Française (AEF) qu’en Afrique Occidentale Française (AOF), à l’exception notable de la Guinée. Si le leader du Rassemblement démocratique africain (RDA), Houphouët-Boigny, et le chef de file du Parti du regroupement africain (PRA), Senghor, s’opposent sur le niveau territorial ou fédéral pour accéder à l’indépendance, les deux partis entendent inscrire le droit à l’indépendance et l’égalité entre la métropole et les territoires africains dans la constitution. Lire plus.