Par DIARRASSOUBA Losseni Togossy
Les discours alarmistes des écologistes et scientifiques au sujet du plastique ont vite fait de trouvé écho favorable auprès de toute la communauté internationale. Certains Etats du continent ont cru trouver dans l’interdiction formelle de la production, la commercialisation, la détention et même l’utilisation des sachets plastiques, la solution miracle. C’est l’échec flagrante de cette stratégie vraisemblablement peut ou mal structurée de lutte contre la pollution plastique, au travers des mesures réglementaires qui nous vaut cette contribution.
Le plastique, une matière longtemps prisées.
Le plastique à pendant longtemps été prisé pour ses propriétés chimiques et physiques. On le retrouve dans tous les secteurs d’activités, notamment l’automobile, l’emballage, le transport, le sport, les jeux, le secteur pharmaceutique, les panneaux solaires, les éoliennes… À cause de ses fonctionnalités multiples, chaque année, ce sont plus de trois cent (300) millions de tonnes de plastiques qui envahissent nos marchés.
Le fait est que le plastique est de moins en moins adulé par les écologistes. On lui reproche sa contribution à la pollution et à la dégradation de l’écosystème. C’est une accusation sans doute fondée qui lui vaut d’être désignée matière non grata dans quasi toutes les contrés. Mais, sommes-nous certains d’avoir identifié le véritable coupable ?
Ce sont les consommateurs qui devraient être sur le banc des accusés ainsi que les producteurs dans une proportion quasi semblable. Après tout, nous les produisons de tailles et qualités multiples, les utilisons et les rejetons enfin dans la nature à la merci du vent et des eaux de recèlement. Les temps ont changé vous dira-t-on. L’époque des paniers et sacs a multiples usage est révolue. Le sachet bleu est à la fois gratuit, discret et plus pratique. C’est aussi le cas des bidons en plastiques qui dans les mêmes proportions, facilitent le conditionnement, et le transport de produits d’ordre chimiques, pharmaceutiques, alimentaire etc. Tout est fait pour vous simplifier la vie. Les producteurs y gagnent leurs comptes et les consommateurs aussi.
Sauf que, aucune politique de gestion de ces déchets plastiques n’a été mise en place. Pendant longtemps, les consommateurs se sont débarrassés de leurs ordures et autres emballages plastiques dans les rues. Sur le continent, il n’est pas rare de voir des personnes en apparence distinguées, sortir leur bras par-dessus les vitres de leurs voitures luxueuses, et laisser tomber leurs ordures. Ce n’est pas un mal en soit pensent-ils. Bien au contraire, cela donne du sens au travail de certains d’entre nous investis de la mission de collecte. C’est après tout du service public que relève l’action de collecte. Il suffit de parcourir les factures d’eau et d’électricité pour s’en convaincre.
Les discours alarmistes des écologistes et scientifiques ont vite fait de trouver dans ces circonstances, écho favorable auprès de toute la communauté internationale ces dernières années. L’ONU s’est approprié le sujet au plus haut degré. En 2018, la question était le leitmotiv de la journée commémorative de l’environnement. Une célébration qui a servi de tremplin à l’incitation à l’adoption d’alternatives à la production et à l’utilisation excessive des plastiques.
Les Etats ne se sont pas fait prier pour marquer leur préoccupation face à la question. Des mesures ont été prises, des plus modérées au plus drastiques par certains pays[1]. Ces derniers ont cru trouver dans l’interdiction formelle de la production, la commercialisation, la détention et même l’utilisation des emballages plastiques, la solution miracle.
L’approche réglementaire ; une stratégie vraisemblablement peut ou mal structurée.
L’échec flagrante de cette stratégie vraisemblablement peut ou mal structurée de lutte contre la pollution plastique, au travers des mesures réglementaires peut être dû à plusieurs facteurs dont : l’exclusion des interactions d’ordre sociaux et économique dans la réflexion. On s’est empressé en effet, de fonder notre réponse à la pollution plastique sur l’appréciation unilatérale des implications environnementales.
Et, dans l’hypothèse où l’idée d’interdiction de la production et la commercialisation serait envisageable, (idée incongrue), il n’est pas imprudent de dire qu’on s’y est mal pris. On aurait pu commencer par trouver des alternatives fiables et aussi pratiques que le plastique, se donner le temps de communiquer véritablement sur ces alternatives auprès des consommateurs, et aider les industries du plastique dans leur processus de reconversion. Une telle démarche aurait pu donner une chance aux mesures réglementaires de produire l’effet escompté.
Mais n’était-ce pas dans le fond plus facile d’interdire la production de matières plastiques que de s’aventurer dans un plan de réforme profond du système de production et consommation ?
Evidemment, une telle approche ne pouvait que garantir l’échec même de la mesure avant qu’elle ne rentre en vigueur. Et, bien que ces mesures promptes et rigides aient permis de clamer au grand jour le degré de préoccupation des Etats, elles n’en demeurent pas moins inappropriées. Pour preuve, ces elles sont presque toutes tombées en désuétude sous le regard passif des desdits Etats.
La question de l’utilisation et du rejet des déchets plastiques hors poubelles relève plus de l’éducation et non d’une quelconque culture. Les gens utilisaient d’autres moyens bien avant le plastique. Il aurait suffi de trouver le bon angle de communication pour inciter les producteurs et les consommateurs à s’inscrire dans une démarche de durabilité. Remette par compte en cause l’industrie dans son ensemble, serait porter une grave atteinte à l’économie qui s’est construite autour du plastique ces dernières années et qui occupe une place de choix aujourd’hui.
Si les entreprises continuent de produire les emballages en plastiques au bon plaisir des consommateurs en dépit des mesures réglementaires, c’est bien parce que nombre d’entre nous ne vivent qu’en grande partie des ressources générées par ce secteur. La solution réside donc dans l’organisation et la structuration du secteur et non dans sa strangulation par l’arrêt de production.
Combattre la pollution plastique, c’est possible si on s’y prend autrement…
J’aurai également bien voulu qu’on s’accorde pour commencer, à arrêter de dépeindre les déchets plastiques comme on continue de le faire. La matière en elle-même n’est pas problématique. Mais, c’est l’utilisation que nous faisons du déchet plastique qui l’est. Ces déchets ont une valeur économique que la grande majorité des consommateurs ignorent. Il serait sans doute temps de le leur apprendre.
Combien de temps pensez-vous qu’un déchet plastique peut faire dans la rue si le revendeur ou le producteur l’échangeait contre un autre produit ? La solution est évidente !
Il faut simplement, que les coûts liés à la collecte des déchets soient pris en compte pendant le processus de production. N’allez surtout pas croire que nous ne réussirons qu’à pousser vers la faillite des entreprises et des revendeurs avec une idée pareille. Bien au contraire, nous les ouvrirons et pas seulement à eux, des perspectives de stabilité, de création de richesses et d’augmentation de leurs chiffre d’affaire. Chaque consommateur peut en effet, payer un centime de plus sur chaque produit. Il pourra les récupérer aussitôt après avoir consommé le produit et renvoyé l’emballage vide à un point de collecte prévu à cet effet. Ainsi, les points de collecte seront insérer dans toutes la chaine de distribution ; de l’entreprise de production initiale au revendeur en détail du quartier en passant par le grossiste.
C’est pourquoi, plus haut, nous parlions de production et de consommation durable. Imaginez dix (10) bidons vides de coca cola contre un autre bidon plein ou l’équivalent monétaire !
Mais il y a pas que la collecte qui motive une t’elle démarche. En Côte d’ivoire par exemple, les déchets plastiques seraient pourvoyeurs d’un peu plus de 14 milliards de nos francs. Chaque année, on produit plus de deux cent mille (200 000) tonnes de plastique avec moins de 10% recyclés. Les 90% autres restant sont enfuis, incinérés ou se retrouvent à lutter soit nos plages avec nous ou les fond d’océans et lagunes avec le faune marine. Les déchets plastiques bien collecté constituent une véritable source de richesse et d’emploi.
On n’est sans ignorer que la pollution croissante couplée à l‘épuisement des ressources naturelles est un facteur restrictif de la croissance économique et le développement humain. Mais, on ne peut pas prétendre sauver ni l’un, ni l’autre avec l’approche actuelle adoptée par les décideurs. L’éco conception de nos produits et emballages en plastique, peut toutefois contribuer à développer l’économie générée par le secteur au lieu de l’étouffée comme c’est le cas actuellement. En attendant de rectifier le tir à travers : le changement de la perception négative qu’on se fait en général du déchet plastique, l’éco conception, la reconstruction de l’économie autour des déchets plastiques ; les acteurs persistent impunément dans leur forfaiture. Il faudra bien un jour rendre justice à mère nature et, j’espère que les coupables écoperont de la plus forte réprimande.
DIARRASSOUBA Losseni Togossy
Juriste consultant, Chercheur associé à l’IQAI – Institut Québécois des affaires Internationales togossylossabi@gmail.com
[1] Bénin (2017), Burkina Faso (2014), Cap-Vert (2016), Côte d’Ivoire (loi 2014), Gambie (2015), Guinée Bissau (2013), Mali (2013), Mauritanie (2013), Niger (2013), Sénégal (2015), Togo (2011)