La Finance avait eu son Lehman Brother un lundi 15 octobre 2008, le Tourisme a eu son Thomas Cook un lundi 23 septembre. Le premier tour opérateur mondial a officiellement déclaré sa faillite, alors que des millions de touristes envoyés en son nom, séjournent dans des hôtels aux quatre coins du monde. Le plus ancien tour opérateur du monde, rival de l’allemand Tui, a annoncé l’annulation de toutes les réservations. Thomas Cook laisse en rade 22 000 employés dont 9 000 au Royaume-Uni. Une nouvelle page se tourne pour l’industrie du tourisme. Les deux dernières années ont été particulièrement difficiles pour le groupe spécialiste des all inclusive, confronté à une dette de 1,7 milliard de livres (soit 1,9 milliard d’euros). La chute de Thomas Cook marque la fin du tourisme de masse et la victoire du Voyage desintermedié rendu plus compétitif grâce à la magie de l’Internet.
Cette descente aux enfers a été accélérée par le référendum de 2016, annonçant la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Si en 178 ans, le voyagiste Thomas Cook a passé deux guerres mondiales et connu six monarques, l’incertitude liée au Brexit semble lui avoir été fatale.
Une mise à mort par les fonds spéculatifs
La faillite annoncée intervient suite au constat de l’échec du plan de restructuration de 900 millions de livres signé par les banques, les créanciers et Fosun, conglomérat chinois et principal actionnaire de Thomas Cook. Les activités de tour-opérateur devaient être reprises par ce dernier, et l’activité aérienne (Thomas Cook Airlines et Condor, principalement) par les créanciers.
Pour que ce plan soit validé, Thomas Cook devait obtenir l’accord de 75% des parties prenantes. Or, certains créanciers et détenteurs de crédit défaut swaps, des contrats de protection financière entre acheteurs et vendeurs, ont estimé que le voyagiste ne pourrait honorer sa dette. Ils lui ont alors réclamé 200 millions de livres supplémentaires pour valider le plan de restructuration. Cette exigence faisait grimper les fonds nécessaires au sauvetage à 1,1 milliard de livres.
Thomas Cook a donc enchaîné les réunions avec des investisseurs privés (fonds spéculatifs ou d’investissement), ce week-end, dans l’espoir de trouver ce 1,1 milliard nécessaires à la restructuration. En vain. Le gouvernement, dernier recours sollicité par le groupe, a refusé d’injecter l’argent nécessaire au sauvetage, malgré le risque de chômage imminent pour les quelque 9 000 employés de Thomas Cook au Royaume-Uni.