Les inégalités homme-femme font perdre 95 milliards de dollars par an à l’Afrique subsaharienne selon le PNUD
Les disparités entre les genres coûtent quelque 95 milliards de dollars par an en moyenne à l’Afrique subsaharienne et ont culminé à 105 milliards de dollars de pertes en 2014 (soit 6 % du PIB régional), conclu le PNUD, dans son rapport sur le développement humain en Afrique 2016 publié ce 28 août.
Une telle situation compromet les efforts du continent en faveur d’un développement humain et d’une croissance économique inclusifs note le rapport présenté en marge de la TICAD VI. « Si l’on parvient à combler les écarts entre les hommes et les femmes sur le marché du travail, dans l’éducation, dans la santé et dans d’autres domaines, alors il sera possible d’accélérer l’éradication de la pauvreté et de la faim », a déclaré à l’occasion l’administrateur du PNUD Helen Clark.
Des inégalités criantes
Les femmes en Afrique font face à de nombreuses pesanteurs. Confrontées à une répartition inégale des ressources et à des normes sociales qui légitiment les inégalités, elles sont moins scolarisées, moins intégrée dans la population active. Et quand c’est le cas (61% des Africaines travaillent selon le rapport), elles héritent d’emplois « sous-payés, sous rémunérés » et le plus souvent dans « le secteur informel ».
En outre, victimes de mariages précoces, de violences sexuelles, « sans oublier une mortalité maternelle élevée », leur situation présente un tableau bien sombre qui prive le continent d’un potentiel de travail pourtant vital pour les économies africaines.
« Si les disparités actuelles entre les genres persistent, les objectifs de développement durable et l’Agenda 2063 de l’Union africaine resteront un vœu pieu et ne pourront pas se concrétiser », prévient le directeur du Bureau régional pour l’Afrique du PNUD Abdoulaye Mar Dieye.
Une banque africaine d’investissement pour les femmes
Pour le PNUD quatre axes majeurs doivent être explorés par les Etats : adopter des réformes juridiques, impliquer davantage les femmes dans les prises de décision, promouvoir l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes, et accélérer de l’accès des femmes aux droits de propriété et de gestion des ressources.
En outre, le rapport propose deux grandes initiatives : la création d’une banque africaine d’investissement pour les femmes et la mise en place d’un label de certification « égalité des genres » pour promouvoir les principes d’égalité entre hommes et femmes sur le lieu de travail.
« Pour garantir la croissance inclusive de l’Afrique, il est essentiel que la moitié de la population du continent − les femmes et les filles − puisse être des moteurs de transformation » note le PNUD. « Combler cet écart entre hommes et femmes, mettrait non seulement l’Afrique sur la voie d’une croissance économique à deux chiffres, mais contribuerait également de façon décisive à la réalisation de ses objectifs de développement » a soutenu Mar Dieye.