L’annonce de la mise en place de une transition au Burkina Faso par un général cinq étoiles a un air de déjà vu. La liesse populaire qui s’est emparée du pays des hommes intègres s’est un peu estompée à la lecture de ce discours martial du chef de l’armée qui vient clôturer une journée de révolte et de dignité.
Une journée de renaissance payée au prix du sang (20 morts) et qui montre toute la détermination de la société africaine dans sa revendication, légitime, de la démocratie. Le droit au rayon du soleil, le refus de l’homme providentiel et la croyance en une société égalitaire, progressiste et transparente. Voilà ce qui a fait marcher des millions de personnes depuis le 28 octobre.
Des jeunes, poitrines au vent ( qu’est ce qu’ils sont beaux!) se sont dressés comme un seul homme contre la caricature de la démocratie qu’on voulait leur servir. Sans préjugés idéologiques, les héros du 30 octobre, ont mis en échec les desseins d’une caste déconnectée des réalités de tous les jours et qui a cru que cette fois-ci encore la farce passera.
Mais, alors que les fondements de la dévolution monarchique qui se préparait sont ébranlés, voici que l’armée s’invite dans le jeu. Un scénario à la Sississienne qui, espérons-le, ne replongera pas le Burkina Faso trente ans arrière. Le peuple des hommes intègres qui a payé de son sang cette éclaircie du 30 octobre, qui a goûté au souffle enivrant de la liberté, n’acceptera pas cette fois-ci qu’on lui vole la victoire.
4 commentaires
Obama vous a dit: « On veut des institutions forts, mais pas des hommes forts. » Combien peut-on etre plus clair? Bourkinabes! Vous avez mon soutien. Votre action honore tout africain partout ou il se trouve.
Je pense que les presidents du togo, Rep du Congo, et autres tireront des lecons de ce qui se passe au pays des hommes integres. Bravo, Bravo et BRavo!!!!!!!!!!
Je me fais échos des commentaires bien inspirés qu’un ami m’a envoyés le 29/10 : » Tu as touché du doigt l’élément clé de cette pagaille qu’on observe ici et là sur le continent, c’est effectivement l’entourage qui veut garder ses acquis, ses privilèges et ses prébendes, en œuvrant par tous les moyens pour le maintien du chef dans le fauteuil, et celui-ci devient de facto l’otage de son propre entourage.
Le drame contemporain de l’Afrique sub-saharienne francophone, c’est qu’elle n’a pas de dirigeants visionnaires, bâtisseurs et surtout d’une force intellectuelle et d’un charisme qui forcent l’admiration. A défaut de ces grands hommes qui sont nécessaires dans la phase de construction qui est la nôtre, nous sommes obligés de nous doter d’institutions fortes pour nous protéger des fous ou des suicidaires que nous pouvons avoir comme chefs, car nous sommes en train de nous construire et nos Etats ont à peine un demi siècle d’existence. Les démocraties occidentales qui sont la référence sont le résultat de plusieurs siècles de construction si l’on en croit les manuels d’histoire.
Un certain nombre de chefs d’Etat d’Afrique noire francophone ont les yeux rivés sur Ouaga vont réfléchir à plusieurs fois avant de mettre en exécution des projets similaires qu’ils ont dans leur tiroir ou dans leur carton (RDC, Congo Brazzaville, Bénin, Burundi, Rwanda et probablement d’autres). »
La moralité de la crise au Burkina Faso se résume à cette mise en garde des paroliers africains: » QUAND LA SAGESSE NE REUSSIT PAS A VOUS ENSEIGNER, LES CIRCONSTANCES FINISSENT PAR LE FAIRE « .
A en croire un texte daté de ce jour, 1er novembre 2014, signé par le chef d’Etat-Major Général des Armées, Général de division Nabéré Honoré TRAORE, dont la copie a été publiée sur le site Facebook de Burkina24, les Forces armées nationales du Burkina Faso ont déclaré que « Le Lieutenant-Colonel ZIDA Isaac a été retenu à l’unanimité pour conduire la période de transition ouverte après le départ du pouvoir du Président Blaise COMPAORE ». Toujours, selon ce communiqué, les forces armées nationales du Burkina Faso réaffirment ainsi leur « unité » et leur « cohésion ».
Dans une déclaration de ce jour, l’Union africaine (UA) appelle à une transition civile. La présidente de la Commission de l’UA, Nkosazana Dlamini-Zuma demande aux forces armées burkinabè « de se mettre à la disposition des autorités civiles ».
Dans un communiqué de ce jour, 1er novembre 2014, de la présidence de la République de Côte d’Ivoire relatif à la situation au Burkina Faso, diffusé sur le portail officiel du Gouvernement ivoirien : « Le Président de la République informe le peuple ivoirien, les populations vivant en Côte d’ Ivoire ainsi que la communauté internationale que le Président Blaise Compaoré, sa famille et ses proches ont été accueillis en Côte d’Ivoire. »