Sous l’égide de l’Union africaine, le 9ᵉ Congrès panafricain s’est ouvert ce 8 décembre à Lomé, rassemblant durant cinq jours des délégations venues de tout le continent, des membres de la diaspora africaine et des Afro-descendants de divers horizons autour de thématiques destinées à maintenir la flamme du panafricanisme qui transcende les générations depuis 125 ans.
La cérémonie d’ouverture, présidée par Faure Gnassingbé, président du Conseil togolais, a mis en lumière le rôle fondateur du mouvement panafricain dans la lutte pour l’émancipation des peuples noirs et dans les combats de décolonisation en Afrique, dans les Caraïbes et en Amérique latine. Héritier d’une histoire débutée à Londres en 1900, le Congrès panafricain est une série de rencontres internationales réunissant leaders africains, Afro-descendants, intellectuels et organisations engagées dans la défense des droits des populations noires. Après Dar es Salaam (1974), Kampala (1994) et Accra, Lomé devient la quatrième capitale africaine à accueillir l’événement, organisé dans le cadre de la « Décennie des racines africaines et de la diaspora africaine (2021-2031) » proclamée par l’Union africaine.
Cette édition, à portée historique, rassemble États, institutions de l’UA, société civile, artistes, intellectuels et organisations de la diaspora. Un colloque économique, prévu du 9 au 12 décembre, ambitionne de mobiliser davantage la diaspora autour de l’investissement, du financement de projets et de la collaboration avec les acteurs du développement. Plus qu’un sommet, le 9ᵉ Congrès se veut une relance stratégique du panafricanisme dans un contexte mondial en mutation. Il offre une plateforme de réflexion sur le rôle de l’Afrique dans la gouvernance internationale, notamment en matière de réformes des institutions multilatérales, comme l’ont souligné Faure Gnassingbé, la vice-présidente de la Colombie et l’ancienne Première ministre du Costa Rica. Le Togo a réaffirmé la revendication de deux sièges africains permanents avec droit de veto au Conseil de sécurité. Le Congrès entend renforcer l’unité entre Africains du continent, diaspora et Afro-descendants, promouvoir l’identité culturelle, encourager l’investissement, soutenir des projets structurants et avancer sur des questions de justice historique, telles que la restitution du patrimoine, la reconnaissance des Afro-descendants et les initiatives de réparation.
L’objectif majeur de cette édition est de restaurer le panafricanisme dans sa dimension originelle : une vision commune tournée vers l’avenir, permettant aux Africains et aux diasporas d’« exprimer une voix unique ». Le thème retenu, « Renouveau du panafricanisme et rôle de l’Afrique dans la réforme des institutions multilatérales : mobiliser les ressources et se réinventer pour agir », reflète cette volonté de repositionner l’Afrique dans l’ordre international.
En définitive, le 9ᵉ Congrès panafricain de Lomé représente une opportunité majeure pour repenser les liens entre le continent et ses diasporas et redéfinir la place de l’Afrique dans le monde. Sa réussite dépendra toutefois de sa capacité à dépasser les effets d’annonce, à encourager la participation citoyenne, à traduire les recommandations en actions concrètes et à ancrer le panafricanisme dans la vie quotidienne avec équité, transparence et inclusion.

