Des sanctions financières lourdes
Outre la peine d’emprisonnement, le tribunal a imposé une amende de 3 millions de dollars et ordonné la confiscation de biens évalués à plus de 70 millions de dollars, jugés acquis de manière frauduleuse. Une sanction exemplaire qui fait de l’ancien chef de l’État l’un des rares dirigeants africains à répondre de ses actes devant la justice pour des crimes financiers commis durant son mandat.
Un système de corruption mis à nu
Arrivé au pouvoir à la faveur de deux coups d’État successifs, Mohamed Ould Abdel Aziz a dirigé la Mauritanie de 2008 à 2019. Son procès a levé le voile sur un vaste système de détournement de fonds publics, impliquant également plusieurs anciens ministres et collaborateurs proches. L’appel du parquet, qui réclamait une peine de 20 ans, mettait en évidence l’utilisation de fondations caritatives, telles que l’association Rahma dirigée par son fils, comme instruments de blanchiment.
Une défense qui dénonce un procès politique
La défense, de son côté, continue de dénoncer une instrumentalisation politique de la justice, accusant le régime actuel de vouloir neutraliser définitivement l’ancien président. Les avocats de M. Aziz ont d’ores et déjà annoncé leur intention de se pourvoir en cassation devant la Cour suprême.
Un signal fort contre l’impunité, mais un climat tendu
Ce jugement survient alors que la Mauritanie, malgré ses richesses naturelles, reste confrontée à une pauvreté endémique touchant près de 60 % de la population. Pour de nombreux observateurs, la condamnation d’Abdel Aziz envoie un signal fort : celui d’une volonté des autorités de promouvoir la transparence et de tourner la page de la corruption à grande échelle. Toutefois, elle cristallise aussi les tensions entre le pouvoir actuel, dirigé par Mohamed Ould Cheikh Ghazouani, et son prédécesseur, dans un pays où la stabilité politique reste fragile.