($1,000 USD = CFA577,1 XOF ) En marge de la conférence inaugurale de la deuxième étape des Journées de l’Association Professionnelle des Sociétés de Gestion et d’Intermédiation (APSGI), tenue à Dakar le 16 avril 2025, Birahim Diouf, Directeur Général du Dépositaire Central / Banque de Règlement (DC/BR), a dressé un panorama clair et ambitieux du marché financier régional de l’UEMOA.
Prenant la parole devant un parterre de responsables du secteur financier, d’institutionnels et de partenaires techniques, M. Diouf a d’abord rappelé les défis majeurs qui freinent encore l’émergence d’une véritable culture boursière dans l’espace communautaire. Malgré près de 30 ans d’existence, le marché ne compte qu’environ 200 000 comptes titres pour une population de plus de 145 millions d’habitants et seulement 47 sociétés cotées. Ce faible taux de participation contraste fortement avec le poids du secteur privé, qui représente plus de 75 % du PIB de l’Union.
Pour mieux comprendre cette situation, le Directeur Général du DC/BR a rappelé les origines du marché régional, né dans un contexte de crise économique mondiale et de faible épargne locale. La création d’un marché des capitaux s’était alors imposée comme une nécessité pour financer la production et les investissements, avec un cadre institutionnel structuré autour de l’AMF-UMOA, de la BRVM et du DC/BR.
Depuis son lancement en 1998, le DC/BR joue un rôle stratégique dans l’écosystème financier régional. Il est notamment chargé de la conservation centralisée des titres dématérialisés, du règlement/livraison, du paiement des revenus, ainsi que de la gestion du Fonds de Garantie du Marché. Trois grandes périodes ont jalonné l’évolution du marché : une phase timide entre 1998 et 2003, une forte croissance entre 2003 et 2016, puis une correction marquée entre 2016 et 2020. Depuis 2020, une reprise progressive est en cours, alimentée par les introductions en bourse, la croissance des OPCVM, et le développement du marché obligataire.
M. Diouf a également présenté les axes prioritaires du Plan d’Affaires 2021-2025 du DC/BR. Ce plan vise à hisser l’institution au rang d’infrastructure de classe mondiale. Trois projets phares y figurent : la réduction du cycle de règlement/livraison de J+3 à J+2, l’introduction de l’inscription en compte au niveau client final, et le lancement de la plateforme DIGIAPE dédiée à la digitalisation des appels publics à l’épargne, soutenue par la Banque Africaine de Développement.
Face à la montée en puissance du numérique, Birahim Diouf a souligné l’importance cruciale de la transformation digitale, tout en alertant sur les risques croissants de cybersécurité. Le DC/BR renforce en ce sens ses dispositifs de protection avec des plans de continuité d’activité, audits réguliers, et formations ciblées. L’institution se prépare également aux grandes mutations mondiales du secteur : tokenisation, interconnexions technologiques entre dépositaires, réduction des délais de règlement, etc.
Un autre levier identifié comme fondamental est le renforcement des capacités humaines. Le développement d’outils de formation, de partenariats académiques et de portails digitaux apparaît comme une condition essentielle pour soutenir la montée en compétence des acteurs et démocratiser l’accès au marché.
Enfin, Birahim Diouf a présenté des chiffres qui confirment la dynamique positive du DC/BR : au 31 décembre 2024, la valorisation des titres en conservation s’élevait à 21 768 milliards de FCFA (+13,73 %), et les revenus distribués aux investisseurs atteignaient 2 332 milliards de FCFA (+20,94 %). Le nombre d’adhérents est également en hausse, preuve de l’attractivité croissante du marché.
En conclusion, le Directeur Général du DC/BR a renouvelé son engagement en faveur d’un marché régional plus inclusif, plus moderne et plus sécurisé. Il a salué le rôle moteur des SGI, des BTCC et des émetteurs, tout en appelant à une mobilisation collective pour construire un écosystème financier robuste, crédible et résolument tourné vers l’avenir.
Un commentaire
Good