Par Fleur Agou.
Longtemps considérés comme un simple point de passage entre l’Afrique et le reste du monde, les Émirats arabes unis (EAU) sont aujourd’hui devenus une destination en soi pour les voyageurs africains. Face à des acteurs comme l’Europe ou l’Asie, l’attractivité émiratie repose sur une stratégie singulière mêlant innovation, accessibilité et adaptation aux besoins d’un continent en pleine mutation. Une réussite qui reflète une nouvelle dynamique des échanges touristiques globaux.
Une connectivité optimisée pour dynamiser les échanges
Le développement de Dubaï en tant que hub mondial s’appuie sur ses infrastructures aéroportuaires d’envergure. L’aéroport international de Dubaï, parmi les plus fréquentés au monde pour les passagers internationaux, a enregistré près de 45 millions de voyageurs au premier semestre 2024, témoignant d’une reprise dynamique du trafic aérien. En parallèle, l’aéroport Al Maktoum, en pleine extension, ambitionne de devenir l’un des plus grands hubs mondiaux avec une capacité prévue de 260 millions de passagers par an.
Pour les voyageurs africains, cette accessibilité est renforcée par Emirates, qui dessert plus de 20 destinations sur le continent. En 2024, la compagnie a intégré son premier Airbus A350-900, optimisé pour des vols long-courriers. Ce nouvel appareil, emblématique de l’effort d’innovation de la compagnie, améliore l’efficacité énergétique tout en offrant des conditions de voyage optimales.
L’essor du tourisme africain à Dubaï
En 2023, l’Afrique subsaharienne a représenté 754 000 visiteurs internationaux à Dubaï, soit environ 4 % des arrivées totales. Ce chiffre, bien que modeste au regard des 17,15 millions de visiteurs internationaux enregistrés cette année-là, illustre une tendance en progression constante et malgré une politique de visas exigeante.
Depuis 2022, les restrictions imposées à une vingtaine de pays africains, dont le Nigeria, le Ghana et la Côte d’Ivoire, ont suscité des critiques, certains y voyant un obstacle aux échanges humains et commerciaux croissants. Pourtant, le pragmatisme émirati s’est manifesté en août avec la levée de l’interdiction pour le Nigeria, conditionné des vérifications numériques.
Les touristes africains trouvent à Dubaï une offre variée, adaptée à des profils diversifiés. Des attractions comme le Burj Khalifa, le Dubai Mall et les îles Palm Jumeirah attirent les visiteurs en quête de modernité, tandis que les souks et marchés traditionnels permettent de découvrir un visage plus authentique de l’émirat. Des packages touristiques attractifs, comprenant des séjours tout compris à des prix défiant toute concurrence, permettent aux classes moyennes africaines en expansion de profiter de cette destination.
Cette dernière jouit d’une vitrine de choix sur les réseaux sociaux où touristes, célébrités et autres influenceurs partagent leurs expériences, des plus classiques aux plus insolites. Ces tendances virales touchent une large audience et suscitent un engouement qui dépasse les simples attractions touristiques, inscrivant les Émirats dans l’imaginaire global comme un symbole de modernité et de luxe accessible .
Cependant, l’attractivité de Dubaï ne se limite pas au loisir. Les événements internationaux, à l’instar de l’Exposition universelle de 2020, offrent une plateforme pour les rencontres professionnelles et les échanges culturels, renforçant ainsi le rôle de l’émirat comme lieu de convergence.
Un pôle économique stratégique pour l’Afrique
Dubaï est également devenue une destination de choix pour les entreprises africaines cherchant à étendre leurs activités à l’international. Plus de 21 000 entreprises africaines y sont implantées, bénéficiant d’un environnement économique favorable et de conditions fiscales attractives, comme l’impôt sur les sociétés fixé à 9 % en zone « mainland ».
Des forums économiques comme le Global Business Forum Africa, organisé régulièrement dans l’émirat, encouragent les échanges entre décideurs africains et émiratis. Ces initiatives illustrent la volonté des Émirats de renforcer leurs partenariats stratégiques avec l’Afrique, alors qu’ils sont désormais le quatrième investisseur étranger sur le continent, avec 60 milliards de dollars investis dans les infrastructures, l’agriculture et les énergies renouvelables africaines.
Une diversification économique modèle
La diversification économique est l’un des piliers de la stratégie des Émirats arabes unis, et Dubaï en est l’exemple le plus abouti. Longtemps dépendante des revenus pétroliers, la ville a investi dans des secteurs d’avenir comme les énergies renouvelables, l’intelligence artificielle et le commerce numérique. Le parc solaire Mohammed bin Rashid Al Maktoum, l’un des plus grands au monde, illustre cette transition vers une économie plus durable et inspire plusieurs pays africains confrontés à des défis énergétiques similaires.
Dubaï s’efforce également de développer une économie de la connaissance en attirant des talents internationaux. Des programmes comme le Golden Visa, qui offre des résidences de longue durée à des entrepreneurs et experts, favorisent l’installation de professionnels africains dans l’émirat, renforçant ainsi les échanges culturels et économiques.
Le succès de Dubaï auprès des voyageurs et des entreprises africaines repose sur une stratégie équilibrée entre connectivité, attractivité économique et ouverture culturelle. Si l’émirat continue de renforcer ses infrastructures et d’approfondir ses partenariats, il pourrait devenir un modèle pour d’autres régions aspirant à jouer un rôle central dans les échanges mondiaux.
Dans un contexte où l’Afrique cherche à diversifier ses relations internationales, la relation entre le continent et Dubaï illustre un partenariat mutuellement bénéfique, ancré dans une vision partagée du progrès. Plus qu’une simple destination, Dubaï incarne une dynamique globale, où tourisme, commerce et innovation s’entrelacent pour dessiner de nouvelles opportunités.