Avec 30 ans d’existence au compteur, l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) se présente comme une Rolls Royce de la performance macroéconomique, en comparaison avec d’autres unions régionales africaines. Entre 2012 et 2022, la zone a enregistré une croissance de 5,75 %, contre 3,26 % pour l’ensemble de l’Afrique subsaharienne. Même en 2020, année marquée par une récession mondiale, l’Union a réalisé une croissance de 1,4 % malgré la pandémie de Covid-19, tandis que l’Afrique subsaharienne reculait de 1,59 %, le Nigeria chutait de 1,8 %, et l’Afrique du Sud plongeait de 6,3 %. En 2022, alors que le Ghana et le Nigeria connaissaient des taux d’inflation record de 31,25 % et 18,84 % respectivement, selon les chiffres de la Banque mondiale, l’UEMOA maintenait l’inflation à un niveau relativement bas de 7,4 %. La parité fixe entre le Franc CFA et l’Euro y a joué un rôle déterminant. Sur la période 2012-2022, l’inflation moyenne dans la zone s’est établie à 1,8 %, contre 9,2 % pour l’Afrique subsaharienne. Cependant, cette stabilité macroéconomique enviable a été mise à rude épreuve par la pandémie.
Les huit pays membres de l’UEMOA partagent une monnaie commune, émise par la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), une banque centrale unique, un espace de libre circulation des personnes et des biens, un tarif extérieur commun, un marché des capitaux intégré, ainsi qu’un processus d’harmonisation allant de l’éducation (baccalauréat) à la fiscalité des valeurs mobilières.
Cependant, comme le déplore Dr Souleymane Diarra, Directeur de la Stratégie et de l’Évaluation à la Commission de l’UEMOA, “nos pays ne commercent pas suffisamment entre eux”, attribuant cela à leur statut d’importateurs nets de pétrole et de produits alimentaires, et souvent, comme pour la Côte d’Ivoire, d’exportateurs de produits agricoles et de matières premières faiblement transformés.
“La part des échanges intracommunautaires dans le commerce total de l’Union a connu une tendance à la baisse depuis 2008, principalement en raison de l’envolée des prix des matières premières (pétrole brut, or, uranium), qui ne font pas l’objet d’échanges intra-communautaires au sein de l’UEMOA”, ajoute-t-il.
Par ailleurs, lors d’une session d’information dédiée aux médias le 9 septembre, l’économiste a expliqué que l’Union reste fortement dépendante de l’extérieur. “Sa facture d’importations a plus que doublé au cours de la dernière décennie, passant de 10 000 milliards FCFA en 2011 à plus de 25 000 milliards FCFA en 2021.”
Le secteur tertiaire demeure le principal moteur de la création de richesse au sein de l’UEMOA, représentant plus de 50 % du PIB. En revanche, le secteur secondaire n’a progressé que faiblement, de 0,11 point, tandis que le secteur primaire a vu sa contribution reculer de 3,71 points entre 2011 et 2021.