Le front républicain a fait barrage au Rassemblement national et à ses alliés lors du second tour des élections législatives du dimanche 7 juillet, évitant ainsi un basculement historique de la politique française. Contre toute attente, le Nouveau Front populaire (NFP) a émergé en tête avec une fourchette comprise entre 171 et 187 députés, selon l’estimation Ipsos-Talan pour France Télévisions, Radio France, France 24, RFI et LCP. Dans la foulée de l’annonce des résultats, Jean-Luc Mélenchon a affirmé qu’Emmanuel Macron « a le devoir d’appeler le Nouveau Front populaire à gouverner », après la victoire de la coalition de gauche au second tour. Alors que le NFP ne disposerait que d’une majorité relative, Jean-Luc Mélenchon a dit refuser « d’entrer dans des négociations avec son parti pour faire des combinaisons ». « aucun subterfuge, arrangement ou combinaison ne serait acceptable », a martelé Jean-Luc Mélenchon, ajoutant que « le Premier ministre doit s’en aller ».
La participation pour ce second tour s’est élevée à 67,1%, un niveau légèrement supérieur à celui du premier tour, et jamais vu depuis 1997. Cette victoire représente une nette avancée pour la coalition de gauche, formée au lendemain de la dissolution de l’Assemblée nationale. Le NFP a progressé par rapport au contingent de 150 députés envoyé par la Nupes après les législatives de 2022. Les équilibres internes au bloc de gauche ont été modifiés. La France insoumise (LFI), qui formait un groupe de 75 députés dans l’Assemblée sortante, obtient entre 69 et 75 sièges. Le Parti socialiste passe quant à lui d’un groupe de 31 élus à une fourchette comprise entre 59 et 65 sièges. Les Ecologistes disposeront de 32 à 36 sièges, contre 21 jusqu’à présent. Enfin, le Parti communiste français enverrait 11 élus au Palais-Bourbon. Hors NFP, les candidats divers gauche élus au second tour sont entre 14 et 16. Qualifiés dans 441 circonscriptions au second tour, le Rassemblement national (RN) et ses alliés semblaient en mesure de s’emparer d’une majorité à l’Assemblée nationale pour la première fois dans la Ve République.
Cependant, après de nombreux désistements intervenus entre les deux tours, le parti de Marine Le Pen et Jordan Bardella a perdu son pari, obtenant entre 134 et 152 élus, bien qu’améliorant son score par rapport à 2022, où il avait envoyé 89 députés à l’Assemblée. Le RN seul s’empare de 120 à 134 sièges. Alliés à l’extrême droite, le président contesté des Républicains, Eric Ciotti, et ses soutiens auront quant à eux de 14 à 18 députés. Derrière la coalition de gauche, mais devant le RN et ses alliés, le bloc présidentiel réuni sous la bannière Ensemble perd la majorité relative qu’il détenait de 2022 à 2024. Les différents partis du centre limitent cependant leur recul à l’Assemblée, avec entre 152 et 163 élus. Bien que divers sondages aient prédit un contingent de députés plus proche de la barre des 100, les nombreux désistements pour éviter l’accession au pouvoir du RN ont profité à Renaissance, au MoDem et à Horizons. Renaissance, le parti présidentiel, n’aura que 96 à 102 sièges, contre 169 avant la dissolution. Le MoDem, la formation de François Bayrou, enverra entre 32 et 35 députés à l’Assemblée. Enfin, Horizons, parti d’Edouard Philippe, marque un léger retrait avec de 24 à 26 élus, contre 31 auparavant.
Les Républicains (incluant les députés divers droite) envoient entre 63 et 68 élus, un statu quo surprenant après une campagne mouvementée marquée par l’alliance d’Eric Ciotti avec le RN. La question du futur gouvernement reste une inconnue. La gauche revendiquera-t-elle la formation d’un gouvernement malgré l’absence de majorité nette ? Le bloc présidentiel négociera-t-il avec certaines forces du NFP pour constituer une coalition de la gauche au centre ? L’hypothèse d’un gouvernement technique pour expédier les affaires courantes durant plusieurs mois est-elle envisageable ? Une partie des réponses se trouve entre les mains d’Emmanuel Macron, le président ayant le pouvoir de nommer le Premier ministre selon la Constitution. Le déluge politique redouté a été évité de justesse. La France se trouve à un tournant, cherchant à naviguer entre les forces en présence pour assurer une stabilité politique et répondre aux attentes d’un électorat manifestement divisé.