En couverture du mensuel 111 de Financial Afrik.
Créer une agence panafricaine de notation financière pour et par les africains. L’idée fait son chemin dans certains palais présidentiels africains et au sein de certaines institutions avec une certaine dose de populisme. Le président de la Banque Africaine de Développement, Akinwumi Adesina, en a fait son cheval de bataille lors des assemblées de l’institution tenues du 27 au 31 mai à Nairobi. Vu des experts de la question, cette idée aussi séduisante soit-elle, ignore les acteurs locaux et la réalité du marché financier. Voici ce qu’en pense Stanislas Zézé, président de l’agence de notation Blooomfield Investment Corporation.
En marge des dernières assemblées de la BAD, le président de l’institution a rappelé à la nécessité d’une agence panafricaine de notation. En tant qu’expert du domaine, un tel projet est-il réalisable à brève échéance ?
Tout d’abord, il serait important de rappeler aux leaders africains, à certains chefs d’État et dirigeants des institutions, qui demandent la création d’une agence de notation financière panafricaine, qu’il existe déjà 3 agences de notation financière panafricaines. Il s’agit de Global Crédit Ratings (GCR) créée en 1992 en Afrique du Sud, suivie de Augusto fondée en 1999 au Nigeria et de Bloomfield Investment Corporation agréée en 2007 en Côte d’Ivoire et dans la zone de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA).
Nous avons donc, sur le continent, 3 agences de notation financière qui totalisent ensemble 64 ans d’existence et d’expériences. C’est donc assez surprenant que ces leaders ne soient pas au fait de cette situation et demandent la création d’une agence panafricaine. L’union africaine est justement en train de créer une agence de notation financière publique qui ne peut pas prospérer et nous les leur avons déjà signifié cela. Les agences Moody’s, S & P et Fitch ne sont pas publiques mais plutôt privées.
En réalité, aucune agence de notation financière n’est publique car il y’a un grand risque de perte d’indépendance pour l’agence. Je demanderais donc aux leaders politiques et institutionnels africains de plutôt penser renforcer les capacités des agences de notation financière panafricaines existantes en créant un statut spécial (accord de siège panafricain) qui renforcerait leur indépendance et leur donnerait un accès systématique à tous les marchés des capitaux africains (un agrément unique africain).
Les États africains estiment que les agences Occidentales ont tendance à les dégrader et à exagérer le risque Afrique. Un argument recevable ?
il est important de comprendre l’approche méthodologique des agences internationales pour que la critique soit constructive. les agences de notation financière internationale évaluent la capacité et la volonté de toutes les entités notées à faire face à leurs obligations financières en Dollars (devises étrangères convertibles) à court, moyen et long terme. En somme, la probabilité de défaut sur les engagements en devises étrangères. Cette approche ne définit pas la qualité de crédit (crédibilité) intrinsèque de ces entités notées étant donné que la majorité d’entre elles ont des économies de rente (pour les pays africains) ou sont dans des économies de rente (pour les entreprises et collectivités territoriales). De ce fait, leurs réserves de devises étrangères sont faibles alors que c’est cet élément qui constitue la base de la méthodologie de ces agences et est l’essence de la détermination de la crédibilité des entités notées.
En conclusion, si vous êtes pauvres en dollars, vous être considérés pauvres et pas crédibles même si votre économie est très performante et dégage beaucoup de richesse dans votre monnaie locale. Ainsi, l’approche de ces agences est légitime tant que l’entité notée emprunte en devises étrangères et, par conséquent, doit rembourser dans cette même devise.
Cette situation fait ressortir deux problématiques : la première c’est que tant que les pays africains ne transformeront pas leurs économies de sorte à réduire leur dépendance vis-à-vis des pays étrangers en matière de produits finis, leurs réserves de devises resteront faibles et leurs notations financières seront toujours dans la catégorie spéculative (mauvaise note) quel que soit la performance de leurs économies. Deuxièmement, les pays africains devront emprunter dans leur propre monnaie et se faire noter dans leur propre monnaie. Cela demande naturellement que ces pays développent de façon significative leurs marchés des capitaux tant en profondeur de liquidités qu’en bonne gouvernance. La notation financière faite par Bloomfield et les autres agences panafricaines en monnaie locale est certainement beaucoup plus appropriée pour les économies africaines. Cette approche en devises locales ne remet pas en cause les standards d’évaluation technique de ces entités mais corrige les biais de l’approche méthodologique.
Le président de la BAD fait de la réforme de l’architecture financière internationale une nécessité pour un accès équitable au marché des capitaux. Comment doit-on faire pour baisser les taux d’intérêts sur les dettes africaines ?
je pense que pour plus d’accès aux capitaux pour les pays africains, il faut se tourner vers l’Afrique et non vers le reste du monde en se plaignant de ce que les autres ferment les portes aux africains par tous les mécanismes possibles. La disponibilité des ressources financières pour les économies africaines m’apparaît comme une question d’organisation stratégique. l’Afrique compte 54 pays, donc un énorme marché. cependant le marché des capitaux est fragmenté en petites unités avec des barrières qui empêchent les emprunts inter marchés des capitaux. ces barrières sont techniques et réglementaires car les monnaies africaines ne sont pas convertibles entre elles. Il est impératif de briser toutes ces barrières et de créer un marché unique africain avec une monnaie unique africaine de sorte à définitivement créer une indépendance africaine certaine en matière de financement des économies.
Justement, combien d’agences de notation avons-nous en Afrique. Arrivent-elles à s’imposer face à la concurrence des agences internationales?
Bloomfield est l’une des 3 agences panafricaines aujourd’hui en sachant que GCR, qui a absorbé l’ex Wara, a été rachetée par Moody’s. Donc, en réalité, il ne reste que deux agences purement africaines (Bloomfield et Agusto & Co). Bloomfield aujourd’hui, 17 ans après sa création, compte un portefeuille de plus de 130 entités notées annuellement reparties dans 20 pays africains, 3 pays européens et un pays Asiatique. Bloomfield intervient dans les 5 catégories de risques crédit qui sont le corporate, institutions financières, instruments financiers, souverains, entités publiques (sociétés publiques et collectivités locales). Bloomfield a créé et promu par le biais de son entité Bloomfield Intelligence, les conférences risque pays et les tables rondes de risques sectorielles à travers l’Afrique. Bloomfield a également à son actif le Bloomfield Private Index qui est un outil d’évaluation des performances mensuelles des secteurs privés africains et le Bloomfield Forecast qui calcule la croissance économique des pays africains sur une base mensuelle, trimestrielle et annuelle. Bloomfield est agréée sur plusieurs marchés africains et ses notes sont reconnues à l’extérieur du continent. Aujourd’hui, l’objectif est d’être présent dans les 54 pays africains par le biais de la notation en monnaie locale de ces pays et des entités publiques et privées dans ces pays.
Un commentaire
Le risque est réel, quand tu investi en Afrique les gens sont jaloux, certain on peur de voir leur domination à l’échelle local basculer à causse des nouveaux investisseurs, il feront tout pour te nuire à leur niveau.
Mais surtout les criminels de la génération gâtée (16-25 ans) qui pille les magazin et braque les gens en toute impunité car il on des gens influent dans leur famille qui les font libère à chaque fois qu’il sont arrêté, il ce sente invisible par cette immunité et viendront vous poignarder la nuit.
Tout ça c’est du vécu, bon dans mon cas les 3 brigands peuvent toujours espéré que leur oncle parle au ministre, aucun ministre ira risquer sont poste pour sauver des gens qui on sorti un investisseur étranger de chez lui pour le poignarder et le laisser pour mort dans le marais (j’ai survécu, pour être honnête je penssait pas survivre, j’ai réussi à dévier un coup avec ma mains et à partiellement esquiver le deuxième qui a fini dans ma joue au lieux de mon coup) .