Abidjan abritera les 9 et 10 mai 2022 la deuxième édition du Cyber Africa Forum (CAF). Un évènement qui réunira plusieurs dizaines d’experts en cybersécurité pour aborder la question de l’émergence de nouveaux risques dans ce secteur. Ce forum se tiendra alors que de plus en plus de cyberattaques d’un nouveau genre se font remarquer: les instigateurs s’adaptent aux différentes solutions et méthodes mises en œuvre par les États et les acteurs privés pour s’en prémunir, ce qui rend difficile l’évaluation des risques. Par conséquent, réfléchir à renforcer les pratiques de la cybersécurité s’impose.
La cybercriminalité se réinvente, la cybersécurité doit se renouveler
De nombreux acteurs privés exerçant dans la technologie et la cybersécurité en Afrique, tels que CCDOC, Atos, Cybastion ou encore ESET Africa, seront présents à Abidjan lors de la seconde édition du Cyber Africa Forum. Sont également attendus des représentants de gouvernements africains et d’organisations multilatérales. Au cœur des débats, les questions de la souveraineté numérique et de la protection des données.
Ce Forum vient à point nommé: la lutte contre la cybercriminalité devient complexe. Les hackers rivalisent d’ingéniosité pour contourner les systèmes informatiques des entreprises et des États du monde, même les plus puissants.
L’an dernier, une cyberattaque a ciblé la société américaine Kaseya et les auteurs ont ensuite demandé une rançon à potentiellement plus de 1 000 entreprises, pour le rétablissement de leur système informatique. Le gouvernement de Joe Biden avait suspecté la Russie de couvrir, voire d’être associée aux activités de ces pirates, mais celle-ci a démenti toute implication. Les hackers ont utilisé un rançongiciel, un type de programme informatique qui exploite des failles de sécurité d’une entreprise pour paralyser ses systèmes informatiques, puis exiger une rançon pour les débloquer. Aux États-Unis, cette attaque a été considérée comme une déclaration de guerre informatique.
En France, un logiciel malveillant cible les distributeurs de billets. Il suffit aux pirates d’infecter le réseau des machines pour contourner les systèmes de sécurité bancaire. Ces nouveaux types d’attaques informatiques échappent, dans la plupart des cas, à la vigilance des experts en cybersécurité.
Le constat est implacable: il faut vite réagir et trouver les mécanismes adaptés pour répondre efficacement à ce phénomène.
Et l’Afrique ?
Le continent africain, de plus en plus interconnecté, est depuis quelques années la cible de hackers. Entre janvier et août 2020, 28 millions de cyberattaques y ont été commises. Ces chiffres sont alarmants. « Digitaliser sans protéger, c’est dangereux », aime à déclarer Roger Adom, le ministre ivoirien de l’Économie numérique. La cybercriminalité a coûté environ 20 milliards de FCFA à la Côte d’Ivoire durant ces dix dernières années. Le danger s’est accru avec la pandémie de Covid-19 qui a vu la mise en télétravail de nombreux employés qui ne mesurent pas nécessairement les risques de cyberattaque et n’adoptent, par conséquent, aucun geste de sécurité.
Mais il faut admettre que le plus difficile dans cette bataille, ce ne sont pas les assauts répétés des pirates, mais plutôt les nouvelles méthodes de cyberattaque employées. On n’a pas encore trouvé de solution adéquate à certaines attaques de pirates. Selon les experts, si rien n’est fait, on risque d’assister à un “chaos numérique’’.
L’Afrique a fait d’énormes bonds dans sa quête de la digitalisation de son économie. Le dynamisme numérique du secteur des services financiers en est l’exemple palpable. Mais la cybersécurité est, malheureusement, le parent pauvre de cette évolution. Au titre des faiblesses à noter, on peut évoquer le manque de compétences, l’absence de sensibilisation des acteurs économiques, la vétusté des infrastructures, etc.
Des pistes concrètes de solutions seront abordées lors du Cyber Africa Forum auquel participeront plus de 80 experts de la cybersécurité originaires de plus de 25 pays. « Les risques économiques liés à la cybersécurité sont une réalité en Afrique. Le Cyber Africa Forum se veut être cette plateforme d’échanges de référence sur le continent qui rassemble les acteurs africains et internationaux de la cybersécurité afin de mettre le risque cyber au cœur des problématiques de l’Afrique, comme enjeu de son émergence », a déclaré Franck Kié, président-fondateur de Ciberobs, plateforme de cybersécurité qui organise l’évènement en partenariat Jeune Afrique Media Group.
Parmi les experts présents au Cyber Africa Forum 2022, on comptera notamment Philippe Wang, vice-président exécutif de Huawei Afrique du Nord, Paul Harry Aithnard, directeur régional d’Ecobank pour la zone UEMOA, Ismahill Diaby, directeur général de VISA pour l’Afrique de l’Ouest & centrale et Aristide Ouattara, Risk Advisory Leader à Deloitte Afrique.