La Côte d’Ivoire est soumise à une hausse des prix dans plusieurs secteurs de son économie. Si ce phénomène s’explique par un ensemble de facteurs mondiaux et dû à la croissance du pays, le gouvernement ivoirien poursuit son action afin de limiter l’impact sur le consommateur.
L’augmentation du coût de la vie concerne un ensemble de secteurs de l’économie ivoirienne, notamment les produits de subsistances (blé, bétail, poisson et produits vivriers) ainsi que des produits manufacturés (ciment, etc). Si certaines causes sont de nature structurelle, d’autres sont plus conjoncturelles et ne sont pas du ressort direct du gouvernement. Ce dernier prévoit cependant un ensemble de mesures destinées à en pondérer les effets délétères.
La hausse des prix semble également un phénomène connexe au développement de l’économie ivoirienne, l’une des plus dynamiques du continent africain. Elle accompagne mécaniquement la hausse du salaire médian des Ivoiriens depuis 10 ans (de 95 à 195 USD entre 2011 et 2019), cela dans le cadre d’une inflation parmi les plus maîtrisées du continent (4% – 31e place au classement Trading Economics).
Les facteurs de la hausse
Les indicateurs font valoir une nette tendance à la hausse des prix des céréales (blé) et du riz de l’ordre 20 à 60% en fonction des produits. La tendance haussière se confirme également avec la viande et le bétail (27%), le poisson (9%) et les huiles, notamment de palme (près de 48%).
On note également une tendance haussière significatives des matériaux de construction (ciment), entre 6 et 12%, en fonction du types de matériau et des entreprises.
Cette tendance haussière est en partie due à la crise du Covid-19 qui a impliqué en 2020/21 une hausse importante du prix de transport de fret (30%) qui s’est répercuté sur les cours internationaux des marchandises. En outre, la faible pluviométrie a entrainé une perturbation de la saisonnalité des récoltes, impliquant une désynchronisation entre l’offre et la demande sur les produit vivriers. Enfin le contexte sécuritaire dans le Sahel a nettement perturbé les fournitures en produits vivriers (tomate, oignons…) mais aussi l’approvisionnement en ovidés (Mali et Burkina-Faso). Il s’agit ici de facteurs difficilement maîtrisables pour le gouvernement ivoirien, contraint d’adapter son effort à des circonstances contingentes qui affectent la disponibilité même des ressources.
Cependant, d’autres facteurs rentrent en ligne de compte comme la prédominance de l’économie informelle autour des produits de subsistance. Celle-ci implique une multiplication des intermédiaires qui se rabat sur le prix final du consommateur. En outre la faiblesses de certaines infrastructures (collecte, groupage, conservation, électricité…) a un impact sur les circuits de distribution. Ce qui rend difficile la disponibilité de certaines ressources par rapport à la densité de la demande. Enfin la Côte d’Ivoire est aussi confrontée à un phénomène de monopoles sur les produits transformés localement (dont le ciment et l’huile de palme)impliquant une forte spéculation sur les prix.
Action gouvernementale
Face aux enjeux structurels de la hausse des prix, la politique gouvernementale s’inscrit dans une politique d’amortissement des effets sur le consommateur. C’est ainsi que dés l’origine de la crise du Covid-19, le gouvernement s’est positionné en instaurant des prix plafonds sur les denrées alimentaires et de première nécessité. Mais en tachant de ne pas contrevenir à loi de l’offre et la demande. Ces mesures ont été respectées dans 96% des 16 000 points de vente inspectés. Ces mesures sont également assorties d’une amélioration de la surveillance des marchés. Cette dernière démarche s’avère d’ailleurs fondamentale dans la lutte et le démantèlement des pratiques monopolistiques illégitimes. Le gouvernement dispose d’ailleurs d’un arsenal législatif à cet effet, via l’article 3 de l’ordonnance sur la régulation de la concurrence. Cette dernière permet la régulation étatique des prix en cas de pratiques spéculatives flagrantes.
On observe un soucis constant du gouvernement sur les aspects du développement des infrastructures de distribution. Outre un travail de recherche&développement dans l’agro-business, le gouvernement injecte régulièrement des fonds pour le développement des chaînes de valeurs. A titre d’exemple, on peut citer la ratification d’un accord de prêt (21 juillet 2021), décidé dans le cadre du conseil des ministres, à hauteur de 135 milliards 783 millions 099 FCFA. Cependant les effets ne pourront être perceptibles que dans les prochaines années.
Dans l’intervalle, la Côte d’Ivoire déploie des programmes de filets sociaux à destination des foyers les plus précaires. Ils consistent en une allocation mensuelle de 35 000 FCFA aux foyers éligibles. Ces filets sociaux ont eu un impact notable dans la mesure où ils ont permis à près de 4 millions d’ivoiriens de sortir de la misère. En 2020, plus de 220 000 foyers profitaient de ces programmes. Cette solution, par essence provisoire, accompagne la montée en puissance industrielle (cacao, anacarde, coton, mines etc) voulue par le gouvernement. Une politique destinée à rendre la Côte d’ivoire moins dépendante aux cours mondiaux, et à créer plus de richesses, tout en stimulant la consommation intérieure.
A ce stade, le bilan reste positif malgré les nombreux défis décrits. Toutefois les outils politiques, judiciaires et la politique économique mise en œuvre permet d’être optimiste. Dans cette optique, on rappellera à profit l’action du gouvernement sur la pauvreté dont le taux a régressé cette dernière de 55 à 33% de la population. D’autre part, le PIB par habitant est passé de 1200 à 2300 USD. Concernant les causes exogènes à la hausse des prix (climat, insécurité dans le Sahel, Covid-19), elles sont avant-tout du ressort du temps long et d’un contexte international .