Au vieux Lansana Conté, qui ne voulait pas lâcher le pouvoir, Alpha Condé, l’opposant au long cours, avait lancé cette petite phrase: « le poisson pourrit par la tête ». Une pique qui a résisté au temps et qui semble aujourd’hui, inexorablement, se retourner vers l’envoyeur. Autant Lansana Conté était hier hostile à la démocratie autant son successeur, 84 hivernages consommés, qui s’est offert un troisième mandat en coup de force, est, lui, considéré comme un président mal élu.
La preuve, aucune félicitation de Paris, Bruxelles et Washington, deux axes stratégiques de la diplomatie guinéenne et de ses finances. Vainqueur du scrutin avec 59,6% contre 34% pour Cellou Dalein Diallo selon les résultats annoncés le 24 octobre par la CENI, le président guinéen a vu sa très contestée victoire validée le 7 novembre par la Cour Constitutionnelle, ce qui ne laisse plus à son principal adversaire que la rue pour se faire entendre. Depuis le palais de Sékhoutouréya, l’homme qui se rêvait en Mandela se découvre d’année en année dans les habits d’un nouveau Sékou Touré, le « Non au Général de Gaulle en moins, le vocabulaire révolutionnaire amputé et le pied clopinant d’un ancien combattant qui doit prendre la retraite.