« D’après nos estimations, en cas de confinement total au Sénégal, l’année 2020 connaitrait une récession économique de -9,9% par rapport au PIB de 2019 c’est-à-dire 1485 milliards de baisse du produit intérieur brut ». C’est ce qu’on lit dans un rapport intérimaire du 27 avril 2020 réalisé par une équipe multidisciplinaire de 29 experts dont Serigne Omar SARR, pharmacien, FMPO, UCAD, Coordonnateur et Amath NDIAYE, économiste, FASEG, UCAD. Les auteurs du rapport qui se livrent à un benchmark intéressant entre l’expérience sénégalaise et leurs inspiratrices d’Europe et d’Asie, livre des chiffres intéressants.
Le dépistage massif 8 fois moins cher que le confinement
Le groupe de recherche interdisciplinaire dénommé GRI-COVID19-ARCES a passé en revue la stratégie du pays pour faire face à la pandémie du coronavirus. « Le Sénégal, dans un scénario de confinement total d’un mois, d’après nos estimations, se retrouverait à -9,9% de récession avec un taux d’activité de 33,64%. La perte fiscale serait de 297 milliards ou 7,4% du budget 2020. Le secteur informel subirait une perte de revenu de 594 milliards. Le coût économique total d’un mois de confinement total pour le Sénégal serait supérieur à 2485 milliards CFA (16,56% du PIB) et aurait son corollaire en termes de chômeurs, d’augmentation de la pauvreté et d’instabilité sociale et politique », y lit-on.
En revanche, une stratégie alternative de dépistage serait plus efficiente aux yeux des auteurs du document. « En effet, le coût de dépistage s’élève à un peu plus de de 310 milliards de francs CFA soit presque 5 fois inférieur au coût fiscal d’un mois de confinement. Mais cela représente un coût 8 fois inférieur au coût économique total d’un mois de confinement ».
Si le dépistage massif est accompagné de la généralisation du port du masque, le coût économique devient beaucoup plus faible. « En effet, si les masques sont produits localement et destinés à la population de plus de 5 ans, la valeur de la production sera de 34 milliards 560 millions de CFA. Si l’on déduit ce montant du coût du dépistage, nous aurons un coût économique final de 275 milliards 460 millions de CFA pour l’économie ; ce qui représente un coût 9 fois inférieur au coût économique total d’un mois de confinement ».
Saluant les mesures d’accompagnement mises en place par le gouvernement, à travers la mobilisation de 1 000 milliards de Franc CFA (Force Covid-19), les experts saluent l’initiative tout en demandant de prendre en compte le secteur informel et le secteur agro-sylvo-pastoral, qui contribuent pour près de 50% du PIB et regroupent 95% des emplois.
Au détour de l’analyse stratégique, le rapport estime que cette crise appelle à un changement de paradigme de la politique économique. « L’urgence c’est la transformation sur place des produits de base« , c’est à traduire un développement endogène et une industrialisation pour réduire la forte dépendance à l’étranger.
Dans ses conclusions, le rapport relève qu’au Sénégal et en Afrique, la cinétique de l’épidémie est beaucoup plus modérée qu’ailleurs. « Le confinement général tant galvaudé au Sénégal obéirait-il à une logique purement médicale ? Un confinement, a pour objectif de ralentir la transmission de la maladie. Mais où est la nécessité de ralentir une cinétique qui est déjà très lente avec un système de santé qui n’a jamais été débordé ? »
En particulier, estiment les auteurs, « il nous semble sage de rendre disponible des masques barrières de qualité avec une bonne communication sur leur bon usage et d’évaluer leur impact ainsi que celui des autres mesures de lutte entreprises jusqu’ici. Cependant nous recommandons de protéger les groupes à risque notamment les personnes âgées et porteuses de comorbidités avec un système de confinement adapté à leur situation ».
Ce rapport, le premier d’une série, montre clairement que le confinement total ne semble pas être la meilleure stratégie du moment. « Il apparait primordial d’améliorer la communication, la sensibilisation des masses populaires afin de susciter leur adhésion à la lutte, la massification du dépistage, le traçage des cas en vue d’un confinement et d’une prise en charge ciblés. Plus que jamais, le respect strict de toutes les mesures barrières édictées jusqu’ici (dont le port de masque) et l’évaluation rigoureuse de leur impact s’impose. Le Sénégal avait une avance sur la maladie mais la tendance s’inverse actuellement. Il faudrait plus de célérité et de pro-activité dans la mise en œuvre des recommandations pertinentes et la diffusion transparente des rapports d’évaluation et d’exploitation des données générées après deux mois de riposte« .
Le Sénégal a enregistré son premier cas de coronavirus le 02 Mars 2020 et comptait au 27 avril 2020, 736 cas dont 284 guéris et 09 décès (patients âgés de plus de 60 ans avec des comorbidités) après 55 jours d’épidémie.
2 commentaires
Le gouvernement devrait plutôt financer les recherches pour un vaccin contre le paludisme ou malheureusement il y a plus de mortalité et d’arrêter de vouloir copier les pays des blancs.
La famine également devrait être prioritaire
L’emploi des jeunes ect…
All this is nice and well for the North of Senegal but how about Casamance? There’re no food deliveries to Casamance at all, people are starving already! Everybody forgot about Casamance. They need urgent help!