L’Algérie, le Maroc et la Tunisie font le décompte quotidien des nouveaux cas de coronavirus (Covid-19) le regard rivé sur l’autre rive de la Méditerranée, séparée de 14 kilomètres par le Détroit de Gibraltar. Victimes de la fuite des cerveaux (20 000 médecins maghrébins exercent en France), les trois pays comptent sur la discipline de l’Etat et des capacités financières publiques plus importantes qu’en Afrique Subsaharienne pour vaincre la pandémie.
Dans le premier pays, le bilan vient de dépasser le cap des 1000 personnes infectées, vendredi 3 avril, soit exactement 1171 nombre de cas confirmés et 105 décès dont 22 en l’espace de 24 heures. Les patients guéris sont au nombre de 62, alors que 419 personnes atteintes sont actuellement sous traitement. Pour sa part, le Maroc voit son bilan au 4 avril s’établir à 844 cas pour 50 décès et 56 guérisons. La Tunisie quant à elle présente 18 décès pour 495 cas testés positifs.
Confinement généralisé
Les trois pays ont institué des mesures progressives de confinement sanitaire dans un contexte social difficile où il a fallu d’abord convaincre les leaders religieux d’accepter la fermeture partielle des mosquées. En Tunisie où le confinement général décrété le 20 mars a été prolongé jusqu’au 20 avril, l’armée a investi les artères des principales villes, vendredi 3 avril, pour faire respecter les règles du confinement. Au Maroc, l’armée et la police veillent aussi au grain. Au 1er avril 2020, 513 personnes avaient été interpellées dans les différentes régions du pays pour non respect du confinement général décrété le 20 mars dernier. A cette mesure exceptionnelle s’ajoute désormais l’interdiction de circulation d’une région à l’autre, introduite le 31 mars, à l’exception du personnel soignant et des militaires (FAR). Les contrevenants aux mesures de confineement encourent des sanctions allant de trois mois de prison et à des amendes allant jusqu’à 1.300 dirhams (130 euros).
En Algérie, le confinement a été partiel. Dans la capitale, Alger, les habitants ont depuis le 24 mars interdiction de sortir de 19 heures à 7 heures du matin, et les rassemblements de plus de deux personnes ne sont pas autorisés. Un confinement total obligatoire a été décrété le 24 mars pour la ville de Blida, épicentre de l’épidémie, et des confinement partiels ont été étendus dans 4 régions à partir du 1er avril 2020 portant à 15 le nombre de régions en confinement partiel. A partir du 31 mars 2020, et alors que 42 Wilayas (régions) sont touchées par le virus, le comité scientifique présidé par le ministre de la Santé a recommandé un « confinement général, total et obligatoire » ainsi que, entre autres mesures, l’extension du protocole de soins basé sur la chloroquine et autres médicaments aux cas bénins symptomatiques et asymptomatiques de Covid-19. A noter que les mesures exceptionnelles (fermetures d’écoles et de crèches, interdiction de transport entre les régions) ont été reconduites jusqu’au 19 avril. Les trois pays s’alignent sur une même plage de date de fin de confinement, soit entre le 19 et 20 avril, à la veille du mois de Ramadan.
Mesures d’accompagnement
Dans une région où le secteur informel occupe encore une grande part de l’économie, le confinement s’accompagne de mesures sociales en direction des ménages les plus vulnérables. Au Maroc, l’Etat a mis en place un fonds d’urgence de 30 milliards de dirhams (3 milliards d’euros contre une estimation initiale de 1 milliard d’euros) alimenté par l’Etat et les donations du secteur privé. Ainsi, 800 dirhams (80 euos) à 1200 dirhams (120 euros) vont être distribués aux familles en situation de précarité couvertes par le RAMED, assurance de solidarité instituée pour le secteur informel aux côtés de l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO) qui concerne les salariés du public et du privé.
En Tunisie, le Premier ministre Elyes Fakhfakh a débloqué dès le 22 mars, l’équivalent de 800 millions d’euros pour les entreprises en difficultés et les salariés au chômage. En tout, 58 millions d’euros seront versés sous forme d’indemnités chômage et de soutien aux 285 000 familles les plus démunies.
En Algérie, les walis (gouverneurs de régions) ont été instruits, par le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, de mettre en œuvre, le 31 mars courant, un dispositif « particulier » d’assistance et d’accompagnement des citoyens pour limiter les répercussions économiques et sociales des mesures de confinement instaurées pour endiguer la propagation du Coronavirus.
Pour sûr, de ce côté-ci de la Méditerranée, la bataille contre la pandémie du coronavirus se gagnera sur le front sanitaire, économique et social.