Le président équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema Mbasogo s’est prononcé ce vendredi sur le franc CFA à Libreville, à l’issue d’une rencontre avec son homologue gabonais Ali Bongo Ondimba. Il a notamment émis son souhait de voir les pays de la sous-région de l’Afrique centrale discuter avec la France du franc CFA, ce vieux sujet qui fait débat depuis. «Il y a des problèmes pour lesquels des décisions sont difficiles à prendre. C’est le cas de notre monnaie », a-t-il déclaré. « Nous avons appris que l’Afrique de l’Ouest va peut-être changer sa monnaie, mais ici en Afrique centrale, on a déjà échangé nos points de vue sur le sujet. Mon point de vue est que nous devons négocier préalablement avec la France pour lui présenter certaines difficultés que nous rencontrons en relation avec la couverture qu’elle fait de notre monnaie, plutôt que de se lancer dans un processus de changement de cette monnaie », a-t-il poursuivi.
En effet, d’après l’homme fort de Malabo, « il ne s’agit pas seulement du changement du nom de la monnaie », mais « de la nécessité d’avoir une monnaie forte qui peut rivaliser avec les autres devises». Pays membre de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC), la Guinée équatoriale partage le franc CFA avec le Gabon, le Tchad, le Cameroun, le Congo Brazzaville et la République centrafricaine. La récente adoption d’une décision de leurs voisins ouest-africains (UEMOA) d’adopter l’Eco, une nouvelle monnaie unique dans le cadre d’un projet de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) – dont ils sont membres – vient reposer, depuis, le débat sur l’avenir de Franc CFA.
Intervenant jeudi à Paris lors d’une rencontre des représentants des diasporas africaines de France à l’occasion d’une visite du président du Ghana, Nana Akufo-Addo, le président français Emmanuel Macron n’a pas manqué d’efflorer le sujet. « On peut discuter du CFA sans tabou, ni totem », avait-il déclaré, avant d‘ajouter qu’il s’agit d’« un sujet qu’on doit pouvoir ouvrir et qu’on a décidé d’ouvrir ensemble avec nos partenaires africains, de manière apaisée, sans culte du symbole, sans tabou ni totem». Le message est passé. Reste aux leaders de l’Afrique centrale de saisir la balle au rebond.